La pensée autonome (2)
07/09/2013
Après plus de 30 ans de règne absolu de la psychanalyse en France, dans la culture, l'éducation, les médias, il y a eu le choc 2004 -2005: la publication du rapport de l'INSERM sur l'efficacité des psychothérapies, et sa suppression du site du Ministère de la Santé, sous la pression du puissant lobby psychanalytique. Une brèche venait de s'ouvrir dans le mur de cette pensée hégémonique, dont la capacité de séduction continue encore d'opérer en France, en Argentine et au Brésil. Dans le reste du monde occidental, la psychanalyse est dépassée, ses théories invalidées et obsolètes, son endoctrinement tari.. Paru en 2005, Le livre noir de la psychanalyse a représenté l'événement majeur dans la critique du freudisme et un ouvrage salutaire dans l'information du public ( lire sur Amazon les commentaires qui résument parfaitement l'ouvrage). Dans son introduction Pourquoi un livre noir de la psychanalyse?, la coordinatrice de l'ouvrage Catherine Meyer écrit: "La connaissance de l'homme, de sa vie psychique, a beaucoup évolué depuis un siècle. Il existe bien d'autres approches que celle des psychanalystes pour appréhender, analyser et soigner la souffrance mentale. Il y a une vie après Freud: on peut, en thérapie, travailler sur un inconscient non freudien, on peut aussi s'intéresser à l'enfance, à la sexualité, à l'histoire et aux émotions de chacun sans adhérer aux concepts freudiens. (...) Sigmund Freud a influencé notre propre manière de vivre, c'est l'évidence. Il est important pour chacun de nous de savoir quelle est la part de science, de philosophie et d'illusion qui préside à cette conception de l'homme."
J'ai quelques raisons pour lesquelles j'ai voulu rappeler Le Livre noir de la psychanalyse. Sur le "marché" de la souffrance psychique, la psychanalyse se voit forcée "d'adapter" son discours, comme une église qui feint l'ouverture, tout en veillant plus que jamais à la préservation de son dogme. Comme une église, elle cherche des territoires, là où cela paraît encore possible : l'espace méditerranéen, l'Amérique latine, l'Europe de l'est. On sait bien que la force de cette pensée unique réside dans son système de formation, à savoir dans son appareil institutionnel, qui lui a permis de se maintenir en tant que thérapie de prédilection. Dans la Roumanie de Ceausescu, la psychanalyse était enseignée en Faculté des lettres, et les ouvrages de Freud pouvaient être consultés à la Bibliothèque Centrale Universitaire de Bucarest. C'est comme ça, d'ailleurs, que j'ai connu Freud. Et si sa place était dans un cours de littérature et de philosophie, et non sur le terrain du soin, c'est peut-être parce que l'ironie voulait qu'un totalitarisme idéologique n'accepte pas la concurrence d'un autre totalitarisme intellectuel..Pendant mes plus de 20 ans vécus en France, j'ai été amenée à déchiffrer à quel point la société française était imprégnée de la pensée freudienne.
Il est évident que les progrès de la science authentique vont vaincre les dernières résistances.
En 2009, L'Institut de Santé des Etats-Unis lançait un programme de recherche en neurosciences sur 5 ans financé à hauteur de presque 40 millions de dollars - Human Connectome Project - l'objectif étant d'établir une carte des réseaux du cerveau, ce qui facilitera la compréhension des troubles tels la dyslexie, l'autisme, l'Alzheimer, la schizophrénie.
La formation des spécialistes (souvent multidisciplinaire) figure parmi les enjeux de taille de ce siècle. En Roumanie, la prise en charge des enfants autistes est confrontée non seulement au manque de structures sociales et éducationnelles, au manque de financement, au chaos institutionnel, en général, mais aussi, ce qui est peut-être pire, à la mentalité des Roumains, qui sont insensibles aux besoins de leurs semblables, cela générant des situations indignes d'un pays européen, ainsi que l'explique une série d'articles sur ce sujet . La principale structure "Nous vainquons l'autisme" est une ONG, et les projets qu'elle déroule sont basés sur des thérapies comportementales. J'ai eu peur de découvrir quelque approche psychanalytique, au nom de ces vieilles relations intellectuelles entre la Roumanie et la France (XVIIIe), mais non.. Il existe des psychanalystes roumains (qui exercent en Roumanie), donc formés probablement en France, mais il existe aussi des psychiatres roumains, hongrois, qui ont choisi d'exercer dans les pays anglo-saxons ou nordiques, en évitant soigneusement la France et sa psychiatrie dynamique (certains au prix de gros efforts passant par l'apprentissage obligatoire d'une langue scandinave..).
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