(Photo of Earth's atmospheric layers, reveling the troposphere, stratosphere and above)
Depuis une vingtaine d'années, le monde moderne connaît le développement du phénomène religieux désinstitutionnalisé, par rapport aux grandes traditions religieuses occidentales. Notre sensibilité spirituelle se modifie, l'expérience devient le critère de la spiritualité authentique, dont l'objectif est la transformation de soi. Une idée fondamentale est présente dans toutes les pratiques psycho-corporelles ou psycho-ésotériques (ou même dans les états modifiés de conscience, idéalisés par les penseurs New Age): celle de la responsabilité de chacun pour son perfectionnement personnel et spirituel. Il s'agit d'un travail psycho-spirituel sur soi et de l'apparition d'un nouvel humanisme aux dimensions spirituelles. Cet humanisme-sagesse contient des valeurs qui appartiennent au fond commun des diverses traditions humanistes: la dignité de tous les hommes et leur perfectibilité, la tolérance, le respect de l'autre, le dialogue. Un article de la revue Psychologies paru en 2000 et intitulé "Et si l'on essayait la sagesse?" identifie ces piliers de la sagesse: le respect de son corps (premier pas vers un mieux-être); l'intériorité (être à l'écoute de soi-même); la disponibilité au réel (éviter les blocages psychologiques qui font écran entre nous et cette perception essentielle qu'est le réel); la distanciation/le détachement (connaître et gérer ses émotions); vivre au présent; apprivoiser la mort (vouloir l'oublier ou en avoir peur, c'est fausser notre équilibre présent, mais il n'est pas besoin de croire à une vie ultérieure ou éternelle). L'idée de vivre pleinement au présent pour mener une vie satisfaisante et qui ait du sens n'est pas nouvelle. C'est le philosophe écrivain Alain Watts qui, il y a plus de cinquante ans, rendait public le concept de vivre en présence, concept dont les racines se trouvent dans la sagesse orientale qui enseigne comment traverser la vie éveillé et en habitant notre expérience.
Il est impossible d'avoir l'assurance d'un avenir heureux pour pouvoir profiter d'un présent agréable. Vouloir être sûr revient à vouloir être à l'abri du flux de la vie, du perpétuel changement, ce qui signifie ne pas être adapté à vivre dans un monde fini où, malgré les meilleurs plans, les accidents vont se produire, et où la mort vient à la fin, nous dit Watts.
Le tout récent livre de Sam Harris, philosophe et neuroscientifique, Waking Up. A Guide to Spirituality Without Religion vient compléter la liste des ouvrages de réflexion sur la science et le réel, sur le dogme et la foi, sur les différences entre religion et foi, sur la science et la spiritualité, sur l'interconnexion des choses. Tout ce que nous avons, et tout ce que nous ayons jamais eu, c'est notre esprit, et c'est aussi tout ce que nous pouvons offrir aux autres -écrit Harris. Notre esprit (notre raison) confère une forme à toute expérience que nous avons, ainsi qu'à toute relation que nous formons, bonne ou mauvaise. Notre esprit filtre absolument tout. Si nous nous sentons en colère, déprimés, déroutés, si nous ne sommes pas capables de nous concentrer, ou d'aimer, alors, peu importe la réussite de notre vie, ou la personne qui se trouve à nos côtés, nous ne pourrons jamais en profiter. Nous recherchons le bonheur et la sécurité, pour la plupart d'entre nous, mais sans avoir vraiment conscience de la quête en soi. Il faut comprendre que c'est la façon dont nous prêtons attention au moment présent qui va déterminer le caractère de l'expérience que nous sommes en train de faire, et donc la qualité de notre vie.
L'auteur pense qu'il est raisonnable de séparer le spirituel et le religieux, d'une part parce que notre monde est dangereusement déchiré par les doctrines religieuses que tous les gens éduqués devraient condamner, et d'autre part parce qu'il y a davantage à comprendre sur la condition humaine que ce que la science et la culture séculière reconnaissent généralement. Le terme de spirituel désigne les efforts que font les gens à travers la méditation ou autres pratiques pour ramener leur esprit au moment présent, ou pour accéder à des états inhabituels de conscience. Une lucide intégration science et esprit passerait par la connaissance d'un certain nombre de vérités bien établies sur le fonctionnement du cerveau humain, révélées par la méditation, dans les textes de la majorité des traditions religieuses, et par la neuroscience. "Rien de ce qu'un chrétien, un musulman, un bouddhiste peut faire comme expérience -dépassement de soi dans l'amour, extase, béatitude, éveil -ne constitue un argument en faveur de leurs croyances traditionnelles, simplement parce que ces croyances sont logiquement incompatibles entre elles. Il doit y avoir un principe plus profond à l'oeuvre".
Dans son essai sur la joie, l'écrivain Robert Misrahi, spécialiste de Spinoza, parle de conversion philosophique comme condition du bonheur. C'est "l'instauration du sujet comme nouveau commencement de sa propre vie (...) concrètement la réalisation, par le sujet lui-même, de son désir d'être et de son mouvement vers la plénitude et vers le sens". La conversion philosophique est le résultat d'une décision réflexive. "Le bonheur est à la fois une appréhension réflexive de la vie de l'individu dans sa durée, par l'individu existant dans son actualité présente, et un sentiment qualitatif de plénitude et de satisfaction concernant ce Tout de l'existence, saisi par la conscience actuelle".
2 commentaires
"La conscience est partielle et changeante.La pure Conscience est totale,immuable,calme et silencieuse.Elle est matrice commune de toutes les expériences."
extait de "Je suis"de Sri Nisargadata(je ne suis pas sûre de l'orthographe,je n'ai pas le livre l'ayant prêté!)
Je t'embrasse fort.
Merci, Marie-Claude! Je t'embrasse très fort.
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