Joyeuses Fêtes!
23/12/2014
Joyeux Noël! Merry Christmas! Feliz Navidad! Craciun Fericit!
Nous vivons dans une société complexe, une société de contrôle aussi. Nous avons besoin de nous ressourcer pour savoir discerner et continuer notre route. En ce temps de Noël, ce sont les contes merveilleux qui peuvent nous procurer le plus grand bien, car ils nous consolent, nous font rêver et nous permettent d'espérer. Voici quelques extraits du Vilain petit canard, de Hans Christian Andersen.
Il serait triste de raconter toutes les misères et toutes les peines qu'il eut à supporter pendant ce dur hiver. Enfin le soleil reparut; on entendit de nouveau le chant de l'alouette. Le printemps était aussi beau que l'hiver avait été affreux.
Le canard avait beaucoup grandi; ses ailes avaient gagné en force. Sans y penser, il s'éleva dans les airs, bien plus haut qu'il n'eut espéré. Après avoir plané longtemps tout à son aise, il redescendit à terre, et se trouva transporté dans un grand parc; les sureaux, l'aubépine étaient en fleur. A travers les massifs et les bouquets d'arbres serpentait une rivière limpide qui aboutissait à un grand lac entouré d'une verte pelouse. Dieu! Que c'était beau! qu'il faisait frais et agréable sous ces ombrages! Tout à coup le canard vit déboucher dans le lac trois magnifiques cygnes. Comme ils glissaient sur l'eau avec légèreté! le zéphyr gonflait leurs ailes, tendues comme les voiles d'une barque.
A leur aspect, le canard se sentit ému d'une douce mélancolie. "Je les reconnais, se dit-il, ces oiseaux royaux; je veux aller les admirer de près; ils me tueront, ils auront raison: un laideron comme moi n'a pas le droit de s'approcher d'eux. Mais cela m'est égal: il me sera plus doux de périr sous leurs coups que d'être maltraité par les canards mes frères, d'être honni par les poules, d'être repoussé du monde entier."
Et il nagea vers les beaux oiseaux; ils l'aperçurent et s'élancèrent vers lui; ils fendaient l'air, et leurs ailes en bruissaient.
"Oui, je le sais, vous allez me tuer", dit le pauvre animal, et il baissa sa tête vers la surface de l'eau, attendant la mort. Mais que vit-il dans le cristal du lac: sa propre image; ce n'était plus une créature lourde, disgracieuse d'un gris sale: c'était un cygne.
Peu importe d'avoir été couvé par une cane, au milieu de canards, pourvu qu'on soit éclos d'un oeuf de cygne; finalement la race se fait connaître.
Le jeune cygne ne regrettait déjà plus ses peines et ses infortunes passées, elles lui faisaient goûter toute la douceur de son bonheur actuel. Les grands cygnes l'entouraient et le caressaient de leurs becs.Plusieurs enfants arrivèrent sur le bord et y jetèrent du pain et de la verdure; le plus jeune s'écria: "Mais il y en a un nouveau."
"Un nouveau, un nouveau!" s'exclamèrent avec jubilation les autres, et ils frappaient des mains et dansèrent en rond, et coururent tout joyeux prévenir papa et maman. Ils revinrent avec des gâteux et des friandises qu'ils jetèrent dans l'eau pour le nouveau: "Il est le plus beau de tous, disaient-ils. Quelle noblesse, quelle grâce! "
Lui se sentait tout confus, il ne savait plus ce qu'il faisait, tant son ravissement était grand. Au lieu de se rengorger avec superbe comme tant de parvenus, il était plutôt honteux et cachait sa tête sous son aile. Il pensait à toutes les cruelles persécutions qu'il avait subies, et maintenant on l'appelait le plus beaux de ces magnifiques oiseaux. Il allait régner avec eux sur ce lac enchanteur entouré des plus délicieux bosquets! Il releva alors son cou gracieux et flexible, il courba ses ailes, que la brise remplit et fit bruire, et il se laissa glisser avec l'abandon le plus élégant sur la surface des eaux. Plein de joie intérieure, il se disait: "Jamais, quand j'étais le vilain petit canard, je n'ai, même en rêve, imaginé pareille félicité."
Hans Christian Andersen, Contes Choisis, Maxi-Livres, 2001
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