Le totalitarisme
08/01/2015
(Photo: Drapeau en berne sur la Gare de Nice)
Il existe des moments où le dégoût semble insurmontable, bien plus que le chagrin pour les victimes -des journalistes dessinateurs tués sur leur lieu de travail, en plein milieu d'une conférence contre le racisme.. En prenant la fuite, les tueurs ont lâché un cri de victoire résumant toute l'horreur et l'inscrivant dans un arc de cercle qui relie le XXI e aux premiers siècles d'une humanité balbutiante. C'est cette proposition incompréhensible et inconcevable ("on a vengé le prophète") qui ne cesse de me hanter, malgré tout l'appareil civilisé et rassurant qui s'est déclenché aussitôt: les réactions de compassion, les sentiments éduqués, la position de l'Etat et les appels au rassemblement, et surtout le refus obligatoire du fameux amalgame.. Et le hic est là.
En parcourant la presse, j'ai retenu deux articles pour ces quelques vérités essentielles: les meurtres commis à Paris font partie des derniers coups portés par une idéologie totalitaire qui a cherché à atteindre le pouvoir par la terreur pendant des décennies; en Europe ce ne sont pas les religions qui font la loi, la religion doit rester limitée essentiellement à la sphère privée et soumise au respect des lois et des principes démocratiques...
Peut-être minimisons-nous encore le fait que la force de l'ignorance est bien capable de détruire une civilisation. Derrière la violence il y a toujours une ignorance qui se cache -qu'elle soit d'ordre intellectuel/cognitif ou d'ordre émotionnel. La violence de certains croyants sert sûrement un désir de puissance absolue au nom de Dieu, mais ce trouble de la personnalité pourrait être considéré comme d'autres troubles (la violence domestique, le narcissisme, les personnalités borderline, etc.) s'il n'était pas particulièrement dangereux pour la société, puisque ce qu'il vise, c'est la liberté de pensée et d'expression, la tolérance, le pluralisme, la démocratie. La religion comme politique, la politique comme religion, rien de plus mortel pour notre civilisation.
2 commentaires
Dorénavant il y a "un avant et un après" le 7 janvier 2015 !
Il faudra y réfléchir et agir autrement. La barbarie n'est nullement impressionnée par les fleurs, les marches, les idées évoluées..
Les commentaires sont fermés.