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17/10/2014

Le bonheur et la solitude

Xperia 031.jpgIls ne dépendent pas complètement de nous-mêmes. Le bonheur et la santé sont relatifs parce que nous les évaluons en nous comparant aux autres. Le mécanisme de la comparaison sociale est un fondement de la psychologie humaine, nous nous comparons afin de connaître la vérité sur nous-mêmes. Nous nous mesurons en relation avec les autres, et cette comparaison est utile parce que ce sont les indices relationnels, sociaux qui ont de l'importance pour notre vie, bien plus que les indices objectifs (notre poids est important parce que nous le comparons au poids de ceux qui sont autour de nous). Des études ont montré le lien entre le bonheur et le revenu. Par exemple, on a présenté à des étudiants de Harvard deux mondes imaginaires entre lesquels ils devaient choisir: vous gagnez 50.000 par an, et votre voisin 25.000; vous gagnez 100.000 par an, et votre voisin 200.000. La plupart ont choisi la première situation. D'où la conclusion que ce n'est pas le bonheur en soi qui compte, mais sa position. Et cela semble s'appliquer non seulement au revenu, mais aussi à la vie personnelle. La fidélité et la loyauté à l'égard de notre partenaire est affectée selon que l'environnement nous offre plus ou moins d'alternatives attirantes, la satisfaction sexuelle est aussi basée sur des données comparatives (enquêtes dans diverses publications, conversations entre amis, etc.). Selon la psychologie positive, la comparaison sociale ferait partie d'une stratégie d'entraînement au bonheur (à condition de se comparer à plus malheureux que soi), avec l'habitude de se souvenir de ce qui est bon et d'oublier ce qui est mauvais, et avec la technique de se raconter de belles histoires. Quelqu'un qui a entraîné son esprit à chercher les erreurs, aura acquis la prudence et l'habileté à anticiper les problèmes et les trahisons (un avocat, un expert comptable). Ce sera un bon professionnel, nous dit Seligman, mais pas forcément une personne heureuse. Penser positivement apparaît aujourd'hui comme la clé indispensable pour réussir, s'améliorer, bien communiquer. Néanmoins, le risque existe de ne plus évaluer correctement la réalité et ses défis. Penser positivement pourrait être moins motivant pour agir, et la stratégie du verre à moitié vide serait plus utile. 


Une étude menée il y a trois ans à l'université de New York propose la technique du "mental contrasting with implementation intentions", qui consiste à combiner des pensées positives et des pensées négatives. Cela semble fonctionner très bien lorsqu'il s'agit de remplacer les mauvaises habitudes par les bonnes. Premier pas: accordez-vous une-deux minutes pour réfléchir en détail à ce que vous voulez accomplir. Deuxième pas: imaginez la meilleure chose que vous puissiez associer à cette réalisation (récompense, émotion..). Troisième pas: demandez-vous quel obstacle intérieur se présentera probablement sur votre chemin. Quatrième pas: formulez un plan "si-alors", ce que vous ferez si l'obstacle se présente.
 
Personnellement, je suis d'accord que trop d'optimisme peut brouiller la vue, et diminuer l'énergie et la vigilance nécessaires aux divers combats que nous menons dans la vie. Cela me fait penser aussi aux nombreuses recherches et questions autour de la démence de type Alzheimer, et à son lien avec la maladie de Parkinson. Si au stade actuel, on n'explique pas pourquoi certaines cellules du cerveau sont endommagées, et d'autres pas, c'est simplement parce que les scanners et les images sont de peu d'utilité, vu que la dégénérescence a déjà commence 10-20 ans avant les symptômes. Alors, ce que la neuroscience nous dit, pour maintenir notre cerveau en bonne forme, est lié principalement à l'activité. On est d'accord que davantage d'éducation (statut social et style de vie sain) protège le cerveau contre la dégradation. Et même si des gens de différents niveaux d'éducation présentent des pathologies similaires, les gens mieux éduqués sont plus capables de compenser les effets de la maladie. 
Dans Le Malaise dans la culture, Freud écrit: "La vie telle qu'elle nous est imposée est trop dure pour nous; elle nous apporte trop de douleurs, de déceptions, de tâches insolubles. Pour la supporter, nous ne pouvons pas nous passer de remèdes sédatifs. Ces remèdes, il en est de trois sortes: de puissantes diversions qui nous permettent de faire peu de cas de notre misère, des satisfactions substitutives qui la diminuent, des stupéfiants qui nous y rendent insensibles."  J'ai trouvé dans mes micro-recherches une référence à une étude extrêmement intéressante de1996, sur la physiologie de l'ennui, la dépression et la démence sénile. L'hypothèse médicale de N.N Saunders porte sur le fait que la stimulation mentale assure le sang, l'oxygène et les nutriments nécessaires au cerveau. Cette stimulation peut être intérieure (réflexion) ou extérieure, venant de l'environnement, et que nous percevons à travers nos sens. En l'absence de stimulation, les neurones rétrécissent et s'atrophient. Donc, ce n'est pas une question de diète, ni d'exercice physique, ni d'âge (en Corée du Sud, des 20-30 ans souffrent de Digital Dementia), mais de stimulation. 
La stimulation n'est pas évidente, surtout dans un monde où l'isolement et les formes de solitudes représentent un phénomène social préoccupant. Dans les pays développés, l'isolement peut être cause de mort prématurée, exactement comme les 15 cigarettes par jour, et il est deux fois plus mortel que l'obésité. La solitude ne dépend pas complètement de nous. Ce qui dépend de nous, c'est d'en faire un outil d'énergie et d'inspiration, nous explique la psychiatre Marie-France Hirigoyen dans son ouvrage Les Nouvelles Solitudes. Le monde des solitudes est varié, les réalités sont diverses, et en général, il existe une perception négative des solitaires, mais à côté de la solitude-souffrance, il existe aussi une solitude riche et sereine. J'ai choisi quelques extraits:
En bien ou en mal, la solitude nous transforme. Certains vont vers de la sagesse et d'autres vers l'aigreur. Elle peut agir comme une initiation qui nous amène à concentrer le meilleur de nous-mêmes, mais elle peut aussi entraîner de la rancune, de l'aigreur, un durcissement.(...) Lorsqu'il se poursuit trop longtemps accompagné d'un refus des autres, l'isolement peut entraîner un appauvrissement par manque d'échanges. Dans ce cas, la personne ne supporte plus l'agitation des autres, leurs petites manies. Elle se renferme sur elle-même et ne voit même plus les mains tendues.(...) La traversée d'une solitude permet de façonner son destin. Tout le monde n'a pas la même capacité de "descendre en soi", mais cela peut s'apprendre. On peut ainsi accéder à une forme de sagesse pour donner un sens à sa vie, accéder à un état positif permettant de partir à la recherche de soi-même. Ce temps nécessaire à la réflexion et à une quête de paix intérieure permet de s'éloigner d'un monde d'apparence.(...) La capacité d'être seul est souvent le fait de personnalités fortes, dont le caractère a été forgé dans l'enfance, ou bien elle peut avoir été imposée par les circonstances de la vie puis acceptée et apprivoisée, pour finir par être revendiquée comme un choix: ces personnes ont trouvé dans la solitude une liberté à laquelle il leur est ensuite difficile de renoncer. Les expériences de solitude sont aussi des expériences d'apprentissage. Le rapport positif à la solitude constitue une étape importante de maturation. Cela nous permet de chercher en nous des dimensions intérieures et de nous ouvrir à la création car, quand on est seul, toute sensation, toute pensée se trouvent aiguisées.(...) Quiconque n'existe pas par lui-même souffrira plus de la solitude et de l'isolement, car cela le confrontera à son vide intérieur.

Commentaires

Quel beau texte! Comme toujours une fine analyse où l'on sent le vécu.
Je t'embrasse fort.
Marie Claude

Écrit par : Marie Claude | 19/10/2014

Merci, Marie-Claude, pour tes paroles chaleureuses! Tu as bien raison, je crois qu'il faut se sentir en empathie avec certains sujets pour s'y intéresser.., on dira ça comme ça..
Je t'embrasse bien affectueusement. Carmen

Écrit par : Carmen | 20/10/2014

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