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19/01/2015

L'apprentissage de l'intelligence émotionnelle

intelligence émotionnelle, compétences, apprentissage, pédagogie, entreprise intelligente, formation (Photo: Nice, Promenade des anglais)

 

Des dizaines d'années de recherches prouvent que l'intelligence émotionnelle est le facteur qui départage clairement ceux qui réussissent, aussi bien dans leur vie professionnelle que personnelle. L'intelligence émotionnelle est ce quelque chose qui existe en chacun de nous et qui affecte la manière dont nous gérons notre corps et notre esprit, dont nous affrontons les complexités sociales, en prenant les décisions les plus appropriées pour arriver à des résultats positifs. Cette intelligence est en rapport avec un élément fondamental du comportement humain parfaitement distinct de l'intellect. Nous ne pouvons pas prédire l'intelligence émotionnelle à partir du QI d'une personne -elle peut avoir un QI de 125, et avoir cependant un sérieux déficit en compétences émotionnelles (la conscience de soi, la maîtrise de soi..). 

Goleman observe que l'importance de l'intelligence émotionnelle tient au lien qui unit la vie affective, la personnalité et les instincts moraux, et que les attitudes éthiques fondamentales de l'individu dérivent de ses capacités psychologiques sous-jacentes. Nous sommes guidés dans le monde qui nous entoure par deux esprits -rationnel et émotionnel -dont les modes de connaissance sont très différents. L'esprit émotionnel alimente en informations les opérations de l'esprit rationnel, lequel va les traiter, en les affinant ou en les rejetant. Ils sont semi-indépendants, puisqu'ils reflètent le fonctionnement de structures cérébrales distinctes mais interconnectées (le cerveau "pensant" et le système limbique). L'Intelligence émotionnelle est une composante essentielle de la personnalité, sans s'y réduire. Sur le parcours de notre vie, notre personnalité (ou "le style" qui nous définit) est plutôt stable, tout comme le QI (notre intelligence cognitive ou habileté à apprendre est pratiquement la même à 15 ans et à 50 ans).


 L'intelligence émotionnelle est un set flexible de compétences qui peuvent être acquises et améliorées par la pratique durant toute la vie - et c'est elle qui fera la différence. Les études montrent que son impacte sur notre réussite professionnelle est énorme, et qu'elle en est le plus puissant indicateur dans 58% de jobs. Elle est à la base de compétences critiques, de la tolérance au stress, de la capacité de décision, de la tolérance au changement, du travail en équipe, de la communication, des compétences sociales, des relations avec les clients, de la gestion du temps, de la gestion des finances, de la flexibilité, de l'assertivité, de la confiance, de l'empathie, de la gestion de conflits..

L'intelligence émotionnelle est composée de quatre compétences fondamentales qui se rangent sous deux compétences de premier ordre: la compétence personnelle et la compétence sociale. La première (conscience de soi et gestion de soi, à savoir conscience de nos émotions, gestion de nos comportements) est focalisée plus sur notre individualité que sur nos interactions avec autrui. La seconde est composée de notre conscience sociale et de notre habileté à gérer les relations, à comprendre les humeurs des autres, leurs comportements, leurs motivations, afin d'y répondre de façon appropriée et d'améliorer la qualité des relations.

Notre cerveau change en raison de sa plasticité, et, au fur et à mesure que nous découvrons et que nous pratiquons de nouvelles compétences de l'intelligence émotionnelle, les milliards de neurones qui forment la route entre les centres rationnels et émotionnels de notre cerveau vont donner, comme un arbre, d'autres branches qui vont se prolonger vers d'autres cellules. Une seule cellule peut réaliser 15.000 connexions avec ses voisines, et cela se traduit en pratique par l'acquisition d'un nouveau comportement poussant à l'action. Apprendre l'intelligence émotionnelle se résume, en fait, à apprendre comment travailler avec nos émotions de façon créative, en employant notre intelligence de manière bénéfique.

 

Au cours d'une existence normale, nous apprenons à devenir plus conscients de nos humeurs, à mieux maîtriser nos émotions qui nous perturbent, à écouter et à montrer de l'empathie, et donc notre intelligence émotionnelle tend à progresser, et nous gagnons en maturité. Ce qui est valable souvent en psychothérapie (analytique, par exemple) semble être valable en apprentissage émotionnel: il ne suffit pas de comprendre intellectuellement la cause d'un comportement pour déclencher un changement, et cela parce que la compréhension intellectuelle ne traduit pas une capacité ou une motivation, et qu'elle n'offre pas une méthode pour y parvenir. Lors'on enseigne des compétences cognitives et techniques, la connaissance abstraite peut être suffisante, mais elle ne l'est pas pour une compétence émotionnelle. L'apprentissage intellectuel diffère essentiellement de la transformation d'un comportement (les capacités cognitives sont localisées dans le néocortex, les compétences personnelles et sociales relèvent du circuit émotionnel de  l'amygdale, l'apprentissage des compétences émotionnelles consistant à ré-harmoniser ces circuits afin d'éviter, par exemple "un coup d'état" de l'amygdale..). C'est pourquoi, l'approche pédagogique pour enseigner des notions intellectuelles est plus facile qu'une approche pédagogique dont le but est de modifier un comportement, des façons de penser, de sentir ou d'agir qui sont enracinées profondément. Tout notre système éducatif est axé sur les aptitudes cognitives, or, il est maintenant prouvé que cela est absolument insuffisant. Dans le monde du travail, les programmes de formation doivent tenir compte de cet aspect. Il est totalement inefficace d'enseigner des compétences émotionnelles comme des données techniques, en se basant sur les méthodes scolaires d'apprentissage, et sur les mécanismes de mémorisation, quand les progrès en intelligence émotionnelle font appel à d'autres mécanismes. Les pays et les entreprises qui l'ont compris sont en train de gagner la bataille de l'emploi, de la compétitivité, de l'excellence. Et on parle de plus en plus d'entreprise émotionnellement intelligente. 

 

Le summum de l'intelligence émotionnelle, c'est ce que Goleman appelle "la fluidité": les émotions mises au service de la performance et de l'apprentissage. Elles sont maîtrisées et canalisées, positives et chargées d'énergie et appropriées à la tâche à accomplir.. "Le sceau de la fluidité, c'est un sentiment de joie spontanée, voire de ravissement (...) la fluidité procure un bien-être intense, elle est intrinsèquement gratifiante. Quand l'individu s'absorbe complètement dans ce qu'il fait, y consacre la totalité de son attention, sa conscience se confond avec ses actions."

 

Sources: Goleman, Working with emotional intelligence (édition française 2014) ; TalentSmart 

Commentaires

Il est toujours question d'être dans la pleine conscience pour toute action entreprise et pour toute émotion ressentie.
C'est une clé de la "fluidité" et une manière de moins souffrir.
Je suis en train de lire justement un livre qui pourrait t'intéresser"Dipa Ma" de Amy Schmidt.Cette femme boudhiste a profondément marqué la pratique de la vie en pleine conscience en occident. Ce livre raconte sa vie et nous livre son enseignement plein de sagesse et de compassion.
A l'occasion je te le prêterai.

Je t'embrasse bien fort.

Écrit par : Marie Claude | 22/01/2015

Oui, moins souffrir, et aussi une manière de changer notre rapport au temps. J'aimerais bien lire ce livre à un moment donné, maintenant je travaille sur l'intervention de mars (ça me plaît, j'apprends des choses, comme toujours..). Merci beaucoup, Marie-Claude! Je t'embrasse très fort.

Écrit par : Carmen | 23/01/2015

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