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26/10/2015

"Enjoy the world"

culture,création,joie,activité,leçons de vie,récompense,esprit,bonheur(Photo Nice -Vers Cimiez)

 

L’excellent blog culturel Brainpickings vient de marquer ses neuf ans d’existence en évoquant neuf leçons ou vérités simples qui devraient nous accompagner en permanence. En voici un bref aperçu.

Payez-vous le luxe inconfortable qui consiste à changer d’esprit. Cultivez la « capacité négative » -la volonté d’accueillir le doute, de vivre avec le mystère, d’accepter l’ambiguïté. Nous vivons dans une culture où l’une des plus grandes disgrâces sociales est de ne pas avoir une opinion, ce qui fait que souvent nous fondons « nos opinions » sur des impressions superficielles ou empruntées à d’autres, sans investir le temps et la réflexion nécessaires pour cultiver une réelle conviction. Ensuite, nous exprimons autour de nous ces opinions et nous nous y accrochons comme à des ancres de notre propre réalité. On a l’air d’être complètement perdu si l’on dit simplement « je ne sais pas ». Or, il est infiniment plus satisfaisant de comprendre que d’avoir raison, même si cela implique un changement dans votre esprit à propos d’un sujet, d’une idéologie, ou de vous-mêmes.


Ne faites rien pour de simples raisons de prestige, de statut, d’argent ou d’approbation. Le prestige peut attirer comme un aimant qui pervertit même vos croyances sur ce qui vous procure de la joie. Il va vous pousser à travailler non sur ce que vous aimez réellement, mais sur ce que vous devriez aimer. Sur le moment, ces facteurs motivationnels extrinsèques vous conviennent, mais finalement ils ne sont pas capables de vous inciter à vous lever tôt le matin, ni de vous récompenser à aller vous coucher tard le soir. En fait, ils vous distraient et ils diminuent tout ce qui pourrait vous offrir des gratifications plus profondes.

Soyez généreux -avec votre temps, vos ressources, vos mots, et à faire confiance aux autres. Il est plus facile de critiquer que de célébrer. Souvenez-vous qu’il y a une personne à l’autre bout de chaque échange ou de chaque objet fabriqué. Comprendre et être compris, ce sont les plus grands cadeaux de la vie, et chaque interaction est une occasion pour les échanger.

Ménagez-vous des instants de calme et de tranquillité : méditez, faites des promenades à pied ou en vélo. Il existe une fin créative dans toute rêverie, même dans l’ennui. Les meilleures idées se présentent à nous lorsque nous cessons de forcer l’inspiration, et que nous laissons les fragments de l’expérience flotter autour de notre inconscient pour se fixer dans de nouvelles combinaisons. Sans cette étape essentielle du processus inconscient, le flux créatif est interrompu. Le plus important : dormez. Le sommeil peut être le meilleur stimulant pour créer, mais il affecte aussi chacun de nos moments de veille, il dicte notre rythme social et sert d’intermédiaire à nos humeurs négatives. Soyez tout aussi respectueux et disciplinés à l’égard de votre sommeil que vous êtes à l’égard de votre travail. Nous avons tendance à afficher notre habitude à sacrifier les heures de sommeil à notre travail comme si cela validait l’éthique de ce dernier. En réalité, il s’agit d’un échec dans l’estime de soi et dans les priorités. Qu’est-ce qu’il y a de plus important que votre santé physique et mentale - la source de toute chose ?  

Quand les gens vous disent qui ils sont, croyez-les. Néanmoins, il est tout aussi important de ne pas les croire quand ils vous disent qui vous êtes. Vous êtes le gardien unique de votre propre intégrité, et les affirmations faites par ceux qui ne comprennent pas qui vous êtes et ce que vous représentez révèlent beaucoup sur eux et rien sur vous. Le culte de la productivité a sa place, mais lui porter quotidiennement des offrandes nous prive de la capacité à éprouver la joie et l’émerveillement qui donnent de la valeur à la vie. « La façon dont nous occupons nos jours, c’est la façon dont nous passons nos vies ».

Attendez-vous que toute cause qui en vaut la peine prenne beaucoup de temps. Dans notre culture de l’immédiateté, le mythe du succès soudain n’est qu’un mythe. La fleur n’éclot pas en une brusque explosion du bourgeon.

Cherchez ce qui élève votre esprit - les personnes, les idées, les livres. Trouvez-les et accrochez-vous à eux, visitez-les souvent, faites appel à eux non seulement comme remède au moment où quelque malaise spirituel aurait déjà infecté votre vitalité, mais comme vaccin administré quand vous êtes en bonne santé, pour protéger votre rayonnement.

N’ayez pas peur d’être idéaliste. Il y aurait beaucoup à dire sur notre responsabilité en tant que créateurs et consommateurs de cette constante interaction dynamique appelée culture -de quel côté de la ligne nous nous situons : approvisionner ou créer ? L’entreprise commerciale nous conditionne à croire que le chemin qui mène au succès est pavé d’objets fabriqués répondant à la demande du ravitaillement. Offrez aux gens des GIF avec des chats, puisque les gens adorent ça. Mais le rôle de l’écrivain est d’amener les gens à un niveau plus haut, non plus bas. L’offre crée sa propre demande. Il n’y a qu’à travers une offre cohérente que nous pouvons espérer augmenter la demande -de la consistance à la place du superficiel, dans nos vies  personnelles et dans le rêve collectif appelé culture.

 

Dans son ouvrage sur le bonheur, Robert Misrahi explique comment l’activité consciente de ses implications créatrices peut être source de joie. L’artisan ou l’ingénieur, l’ouvrier spécialisé, le médecin ou l’enseignant, tous déploient une activité qui est à la fois « un savoir-faire », un dynamisme créateur et une maîtrise du temps. L’activité est comme la substance temporelle et dynamique de l’individu agissant. Sa joie provient dès lors du fait même qu’il crée en s’exprimant, et qu’il se crée lui-même en ré-agençant le monde et le matériau sur lequel il travaille : matière à ouvrer, données scientifiques, langage verbal ou plastique. Certes des conditions sociales favorables sont préférables à des conditions d’aliénation dans lesquelles le travail serait un labeur et non une création, une dépendance et non une responsabilité. Mais ce sont précisément ces conditions propices à l’expression personnelle et à la création, qu’une pensée politique se devrait de définir. Créateur de son oeuvre en même temps que de lui-même, l’individu actif et réfléchi peut alors accéder, avec ceux qu’il aime et ceux qui le connaissent, à une nouvelle forme de la joie : la jouissance du monde lui-même. (…) Plus qu’une simple jouissance de l’existence qui, confondue avec la sensualité, risquerait de tomber dans l’éphémère et l’absurde, la jouissance du monde est l’expérience que le sujet déploie lorsqu’il se réjouit de la beauté, de la splendeur et de la richesse du monde, et, en même temps, de la plénitude de l’existence qui est à elle-même (grâce à la réflexion, à l’amour et à l’action) sa propre joie. (…) Nous pourrions dire aussi « enjoy the world », « réjouissez-vous du monde, réjouissez-vous de la splendeur du monde et de votre existence en ce monde ». Il s’agit de la « joie d’être au monde » : joie d’être, joie prise au monde, joie issue de la conscience d’exister pleinement dans un monde significatif et intense. Pour atteindre ce niveau d’intensité existentielle, il est évidemment nécessaire de lier pensée et sensibilité. 

(Robert Misrahi, Le bonheur, Essai sur la joie, Ed Cécile Defaut, 2011).  

 
 

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