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26/04/2017

Les sciences humaines

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(Photo- Inscription au tableau dans la salle de notre cours sur les compétences émotionnelles, 2013

Le paradoxe de notre époque est que nous nous noyons dans l’information, tout en restant affamés de sagesse. Et pourtant, celle-ci est souvent considérée avec une certaine condescendance. Les sciences humaines enseignent le raisonnement critique, elles enrichissent également notre esprit et notre portefeuille. Premièrement, les arts libéraux offrent aux étudiants les compétences interpersonnelles et de communication qui sont extrêmement précieuses dans le monde du travail, surtout accompagnées de compétences techniques. Une éducation dans laquelle les arts libéraux sont présents est une clé de succès dans l’économie du 21 e siècle. Le retour aux pures compétences techniques est dépassé, la place est à ceux qui combinent les compétences douces – excellence dans la communication et les relations avec les autres – et les compétences dures. Celui qui a étudié l’informatique, l’économie, la psychologie ou d’autres sciences aura de la valeur et bénéficiera d’une grande flexibilité professionnelle. Nous avons besoin des deux pour maximiser notre potentiel. Une formation de base en biologie, en informatique, en physique, pourra être enrichie par des cours sérieux en histoire, par exemple. Notre société a besoin de personnes formées dans les sciences humaines et qui soient capables d’aider à la prise des décisions politiques justes, sages.


Les grandes compagnies technologiques se retrouvent souvent confrontées aux problèmes d’ordre éthique (Facebook, Twitter), et dans d’autres domaines, comme celui des modifications génétiques, les facteurs régulateurs doivent disposer d’excellentes données scientifiques et humanistes. Les sciences exactes dépendent des sciences humaines pour formuler des jugements par rapport à l’éthique, aux limites, aux valeurs. Quelle que soit la base de notre carrière, la plus grande part de notre bonheur repose sur nos interactions avec ceux qui nous entourent, et il est évident que la littérature favorise une plus riche intelligence émotionnelle. Les études menées montrent que les sujets qui lisent de la fiction littéraire sont meilleurs pour déchiffrer les émotions d’une personne sur la photo, que ceux qui lisent de la non fiction ou des romans populaires. La littérature fournit des leçons sur la nature humaine et nous aide à décoder le monde autour, à être de meilleurs amis, en créant de passerelles dans la compréhension. Bref, il est parfaitement logique d’étudier le codage et la statistique, mais aussi la littérature et l’histoire. (Starving for wisdom, publié dans The New York Times)

Voici l'opinion de Peter Salovey, professeur de psychologie connu pour ses contributions à la recherche dans l’intelligence émotionnelle, et Président de l’Université de Yale.

Dans notre monde complexe et interconnecté, nous avons besoin de leaders de l’imagination, de la compréhension, de l’intelligence émotionnelle, des femmes et des hommes capables d’aller au-delà des débats polarisés et de relever des défis. Pour cultiver de tels leaders, nous devons reconnaître la valeur des sciences humaines et y investir. Je suis psychologue de formation et j’étudie les émotions humaines. L’art, la littérature, l’histoire et d’autres branches des sciences humaines sont essentielles au développement de notre intelligence émotionnelle, de la compréhension de nous-mêmes et d’autrui. Elles nous aident à affronter l’incertitude, à comprendre la complexité, à éprouver de l’empathie. Observez ce qui se passe lorsque vous lisez un roman. Plongé dans le récit, vous êtes invité à imaginer le monde à partir de la perspective du personnage. Vous pensez à l’interaction entre les désirs d’une personne et ses faits. Quand vous écoutez de la musique, quand vous allez voir une pièce de théâtre ou vous visitez un musée, vous avez une réponse émotionnelle, laquelle vous connecte à d’autres gens et à des perspectives nouvelles. Nous développons notre intelligence émotionnelle et nous apprenons les compétences de l’empathie, de l’imagination et de la compréhension à travers les sciences humaines. Ces compétences, si elles sont cultivées, permettront aux leaders de répondre brillamment aux défis et aux opportunités dans chaque domaine d’activité. Nos scientifiques sont meilleurs dans leur travail s’ils lisent de la littérature, nos diplomates et nos généraux sont plus efficaces quand ils comprennent les langues, nos informaticiens sont capables de penser au-delà des algorithmes quand ils connaissent l’art et la musique. 

Partout dans le monde, nous pouvons apercevoir les bénéfices de la globalisation. Toutefois, les débats se poursuivent concernant le développement équitable, la diversité des peuples et des cultures dans le respect de l’environnement. Les sciences humaines doivent être partie prenante. Le rôle de leadership exige davantage de compréhension sur ces aspects complexes, il demande une estimation de tout ce qui fait le sens et la plénitude de la vie. Comme disait Lei Zhang, un leader de succès et diplômé de Yale, les sciences humaines sont essentielles au raisonnement. Si l'on isole les données et la technologie des sciences humaines, c’est comme si l'on essayait de nager sans l’eau ; vous pouvez avoir tous les mouvements de Michael Phelps, mais vous aurez du mal à arriver quelque part. Les sciences humaines fournissent le contexte, la possibilité de la compréhension réelle de tout ce que l’avenir promet. 

Pour exploiter la force extraordinaire des sciences humaines, nous devons nous assurer qu’elles sont largement accessibles. Des institutions comme la mienne, en tant que gardiennes des plus grands trésors culturels, doivent œuvrer à partager la joie et la beauté des sciences humaines avec le public. Autrement, les leaders potentiels du futur seront perdants dans la possibilité de les apprendre. Les institutions de culture et d’éducation peuvent faire que le monde soit un endroit plus équitable et plus juste, grâce au pouvoir transformateur des sciences humaines. En dépit des prouesses technologiques pour relier les gens, nous restons souvent isolés dans nos cercles étroits. Les nouveaux outils numériques peuvent nous aider à mieux approcher ces sciences, en permettant à un plus grand nombre de personnes, au-delà des divisions, à travers le temps et l'espace, d'explorer nos ressources culturelles. Les défis de notre époque sont graves : pauvreté, famine, changement climatique et menaces à la sécurité nationale et globale - autant de tests pour les plus grands leaders. Par ces temps-ci, il semble prudent d’oublier l’art, la musique, la littérature, les langues. Nous avons déjà connu un moment similaire. En 1939, quand la guerre faisait des ravages en Europe et en Asie, le président de Yale, Charles Seymour, s’inquiétait pour les arts libéraux. Le public ne les jugeait pas « utiles », mais Seymour était convaincu que les sciences humaines étaient indispensables. « Sans elles, l’héritage de l’expérience humaine est appauvri ». Maintenant, comme hier, nous devons les apprécier même au milieu des conflits et de la division. Il n’y a qu’à travers elles que nous pouvons préparer des leaders, de l’empathie, de l’imagination, de la compréhension. Des leaders réactifs et responsables qui embrassent la complexité et la diversité. Nos institutions doivent jouer un rôle dans le leadership en rendant les trésors de ces sciences disponibles. C’est notre responsabilité de préparer les leaders de demain, et d’élever et de défendre « l’héritage d l’expérience humaine » que nous partageons tous. (We need the humanities more than ever, by the President of Yale)

La vidéo The Jobs of The Future publiée par Big Think (partagée sur Facebook Cefro) explique que les métiers du futur seront ceux que les robots ne pourront pas faire, car ils ne comprennent pas les plus simples choses du comportement humain et du monde. Les robots ne savent pas que l’eau est humide, ou que les cordes doivent être tirées et non poussées. Les emplois qui vont disparaître sont les emplois répétitifs (l’industrie automobile et l’industrie textile seront menacées). Les emplois non-répétitifs vont survivre ou vont se développer: l’assainissement, le bâtiment, le jardin, la police. Les cols blancs moyens - comptables, agents, caissiers - seront poussés hors du travail. Dans le monde des cols blancs, les bénéficiaires seront ceux qui sauront s'impliquer dans le capitalisme intellectuel. Celui-ci ne signifie rien d’autre que du bon sens : créativité, imagination, leadership, analyse, capacité à raconter une anecdote, à écrire un scénario ou un livre, à faire de la science. Selon Tony Blair, la Grande Bretagne tire plus de revenus de la musique rock que du charbon. Nous passons du capital de base, comme le charbon, au capital intellectuel, comme le rock and roll. 

 
 

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