29/06/2017
Minimiser les expériences douloureuses
(Photo- Vue de Nice, à Cimiez)
Cette pratique hebdomadaire se veut pragmatique. Il ne s’agit pas de nier ou d’éloigner les expériences désagréables ou douloureuses. Il s’agit de l’effet sur le corps, l’esprit, la relation avec ces expériences, et la mise en place de moyens pour les gérer et se défaire de leur enchevêtrement. Nous pouvons traiter avec gentillesse et douceur la base biologique de notre conscience (comme dit le poète Mary Oliver, « the soft animal of the body »), la protéger et l’apaiser, comme on fait avec un ami cher.
Pourquoi?
Les expériences douloureuses peuvent aller du simple inconfort à l’extrême angoisse, et elles ont leur place. Le chagrin peut ouvrir le cœur, la colère peut faire voir les injustices, la peur peut alerter sur les menaces réelles, le remords peut nous aider à prendre une autre voie la prochaine fois. Mais peut-on trouver l’absence de souffrance dans ce monde ? Regardez les visages autour de vous, ou le vôtre dans un miroir, et vous verrez les signes de l’épuisement, de l’irritation, du stress, de la déception, de la nostalgie, de l’inquiétude. Dans la vie de tous les jours il y a suffisamment de défis, sans compter la maladie inévitable, la perte des êtres chers, le vieillissement, la mort, pour avoir besoin d’un biais dans notre cerveau qui nous donnerait un surplus de peine chaque jour. Notre cerveau a évolué exactement afin d’aider nos ancêtres à transmettre ce biais dans leurs gènes –un biais qui produit aujourd'hui beaucoup de dommages collatéraux. Les expériences négatives sont plus que des inconforts passagers. Elles ont des effets durables sur notre santé mentale et physique. Quand nous nous sentons sous tension, déprimés, durs avec nous-mêmes, ou quand simplement nous nous sentons frustrés, tout cela :
- Affaiblit notre système immunitaire
- Diminue l’absorption de nutriments dans le système gastro-intestinal
- Augmente la vulnérabilité du système cardiovasculaire
- Diminue les hormones reproductives
- Perturbe notre système nerveux
Pensez à la formule « Les neurones qui se connectent forment des circuits ». Cela veut dire que des expériences douloureuses répétées - même modérées – ont tendance à :
-accentuer le pessimisme, l’anxiété, l’irritabilité
-augmentent la sensibilité aux moindres soucis, à la distance, aux cercles vicieux.
A une plus grande échelle - groupes ou nations – elles ont le même effet. Donc, ne prenez pas les expériences douloureuses à la légère, ni celles que vous traversez, ni celles que vous faites traverser aux autres.
Comment?
Les expériences douloureuses ont un effet toxique. Répétez ceci dans votre tête « Je veux que tu te sentes mieux, et je vais t’aider ». Essayez de vous répéter cela à vous-même (comme si vous le disiez à un ami cher qui a du chagrin). Quand la douleur émotionnelle surgit, même légèrement, essayez de la maintenir dans un large espace de la conscience. Pour utiliser une image courante : imaginez que vous faites dissoudre une cuillère de sel dans une tasse d’eau que vous buvez ensuite. Mais imaginez que vous faites dissoudre cette cuillère de sel dans une grande carafe d’eau que vous buvez ensuite. C’est la même quantité de sel, la même quantité de chagrin ou de frustration, mais dans un contexte plus large. Rappelez-vous que la conscience n’a pas de limites, tout comme le ciel, avec des pensées et des sensations qui la traversent.
Dans notre esprit, suivons comment l’information négative (les événements ou les expériences) semble l’emporter sur l’information positive. Les chercheurs ont trouvé que les gens d’habitude travaillent plus durement pour éviter de perdre, que de gagner la même chose. Et qu’ils se sentent plus atteints par une faute, que lavés ou élevés par plusieurs vertus. Essayez de renverser ce rapport : par exemple, prenez quelques bonnes qualités et observez ce qu’elles ont fait de bon dans votre vie cette semaine. Faites attention quand vous vous sentez frustré, découragé. Les humains (comme d’autres mammifères) sont très vulnérables à ce qu’on appelle « l’impuissance apprise » - le sens de la futilité, l’immobilisme, la passivité. Concentrez-vous sur ce qui fait la différence, là où vous avez du pouvoir, ça peut être dans votre esprit, mais c’est mieux que rien. Dans vos relations, soyez ouvert pour réagir plus fort à un événement négatif qu’à un bouquet d’événements positifs. Par exemple, les études ont montré qu’il fallait plusieurs interactions positives pour contrebalancer un seul événement négatif. Prenez une relation importante et observez ce qui fonctionne, négociez avec les problèmes dans cette relation, placez-les en perspective. Dans l’ensemble, tournez vers le positif dans votre esprit, de façon délibérée. Ce n’est pas regarder le monde avec des lunettes roses. Etant donné le biais de négativité de notre cerveau, nous sommes les seuls à pouvoir aplanir le terrain de jeu.
(Adaptation de l'article de Rick Hanson)
14:20 Publié dans Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Rick Hanson en français, Science | Tags : émotions, négativité, biais, cerveau, pratique | Lien permanent | Commentaires (0)
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