01/04/2020
Les forces intérieures, une source durable de bien-être (II)
(Photo- Nice, la Promenade des Anglais pendant le confinement)
Nous vivons un traumatisme collectif, la pandémie de Coronavirus. Des milliers de gens sont tombés malades, des milliers sont morts, les affaires, les écoles, les espaces récréatifs ont fermé, les marchés se sont écroulés. Néanmoins, que nous en soyons affectés directement ou non, il y a un coût pour tous : le poids de la peur et de l’anxiété.
Voici ce qu’écrit le New Yorker du 23 mars (How Loneliness from Coronavirus Isolation Takes its Own Toll)
Le 21 mars, le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, a souligné le stress psychologique et social de la période que nous traversons, en précisant que les gens luttent avec les aspects émotionnels de la même façon qu’ils luttent avec les aspects économiques. Il a appelé les psychiatres, les psychologues et les thérapeutes à construire un réseau pour offrir du soutien psychologique aux personnes anxieuses ou isolées. « J’ai parlé avec des neuro-scientifiques et des psychologues de l’impact sur l’organisme humain non de ce pathogène mais des formes de stress qui l’accompagnent ». Le nouveau Coronavirus balaye le globe à une époque où les gens qui vivent seuls sont plus nombreux que jamais dans l’histoire de l’humanité. En 2012, 60% des foyers enregistrés à Stockholm étaient composés d’une seule personne. Les psychologues notent la différence entre vivre seul et être isolé. La science nous montre que l’anxiété et l’isolement ont un impact important sur les circuits du cerveau, en augmentant la vulnérabilité devant la maladie, y compris pour ceux qui n’étaient pas malades (stress, hypertension, palpitations, inflammations). Des études montrent que la solitude prolongée augmente de 26% le taux de décès prématurés.
Nous assistons en ce moment à une perturbation de notre mode de comportement habituel, et nous espérons tous que c’est temporaire et non quelque chose qui va évoluer vers une phase chronique. Julianne Holt-Lunstad, neuroscientifique à Brigham Young University montrait, dans une étude en 2015, que le danger est que les gens restent isolés après la disparition du risque. On a pu constater que là où des systèmes de ravitaillement en eau avaient été affectés, même après la résolution du problème et quand l’eau était redevenue saine, les gens ne faisaient pas confiance et refusaient de la boire. Le trauma s’inscrit dans le cerveau. De la même manière que nous craignons une récession économique, nous devrions craindre une récession sociale, un modèle de distanciation sociale qui continue après la pandémie, avec des effets pour les plus vulnérables.
Il faut accorder l’attention qui convient à l’aide de la neuroscience. La solitude n’est pas qu’un sentiment. C’est une alerte biologique pour chercher d’autres humains, au même titre que la faim est un signal pour chercher de la nourriture, ou la soif pour chercher à boire. Au cours de notre évolution, les connexions ont été essentielles dans la survie. L’intersection de multiples défis pendant la crise du Covid-19 (santé, travail, famille, accès aux ressources) a produit une multitude de situations qui augmentent sensiblement le risque de dépression et de stress post-traumatique, et que l’on peut associer aux régions de guerre ou de violence physique. Les études montrent que les conséquences de la solitude prolongée pour la santé sont équivalentes à 15 cigarettes par jour, et que d’autres symptômes apparaissent - manque d’intérêt pour des activités agréables, baisse d’énergie, culpabilité, problèmes de concentration, changement d’appétit ou de poids, manque de sommeil, ralentissement.
La pandémie force l’espèce humaine et nos cerveaux à faire exactement l’opposé de ce que nous avons fait depuis des millénaires pour survivre. Le cerveau dispose d’une largeur de bande limitée pour résoudre des problèmes et pour gérer des émotions, et c’est justement notre intense sociabilité qui sert à élargir cette bande. Le cerveau traitera mieux l’information en présence d’autres personnes, même quand celles-ci sont à un mètre de distance, que si l’échange se passait à travers un écran ou au téléphone. C’est le principe biologique de l’économie de l’action : le cerveau veut faire quelque chose au coût le plus bas possible, et être avec les autres diminue le coût de toute opération qu’il fait. Même le simple fait de tenir les mains d’une personne aimée peut faire baisser l’anxiété. La vidéoconférence peut aider, mais elle demande davantage de travail au cerveau que n’aurait demandé la présence en personne. Sur les six continents, les gens font preuve d’authenticité, en établissant des connexions virtuelles. Les humains ont besoin de connexion, nos cerveaux ont appris, au travers de leçons brutales d’évolution, que l’isolement social était une condamnation à mort.
En ces moments, il est normal de se sentir effrayé, stressé, menacé, anxieux. Mais être submergé par la peur provoque l’usure de notre organisme, et cela va, en réalité, miner notre sécurité. Bien sûr, partout dans le monde nous devons suivre les conseils des spécialistes et prendre des précautions, mais en même temps, essayer d’agir à l’intérieur de nous, y trouver une place où nous sentir plus calmes, plus forts, plus résilients, plus confiants. C’est ce que Rick Hanson nous suggère dans une courte vidéo Resilience During A Time of Fear (que vous trouverez plus facilement sur Facebook/Cefro du 19 mars)
Quelques exercices très simples. Quand nous sommes confrontés à une possible maladie, notre cerveau, qui a évolué pour réagir fortement aux menaces, sera en alerte, et nous pourrons être submergés par un sentiment d’impuissance associé à des problèmes échappant à notre contrôle, et avoir tendance à nous replier, à nous sentir paralysés. C’est pourquoi, il est important de chercher à être efficace et en action, même si ce n’est qu’à travers la façon dont nous choisissons de regarder les choses. Une technique serait de respirer profondément, l’expiration doit être plus longue que l’inspiration : automatiquement, le système parasympathique, qui ralentit les fonctions de l’organisme pour conserver de l’énergie, va abaisser le rythme cardiaque et la tension artérielle, par la vasodilatation. Autrement dit, le cœur va s’apaiser, et nous aussi. Une autre méthode est de nous mettre en accord avec nos propres souvenirs de sentiments très rassurants afin de nous sentir plus résilients : nous savons être forts, déterminés, courageux, passionnés. Une autre technique est de nous tourner vers les autres, se soucier d’eux, comme nous nous soucions de nous-mêmes. En ces moments d’isolement et de distanciation sociale, rappelons-nous que les autres ont peur aussi, et cela peut nous amener à éprouver de la compassion. Le grand enseignement de cette pandémie serait de nous faire ressentir à quel point nous sommes interconnectés, interdépendants, et que nous formons ensemble une société.
Nous vivons un moment de sidération. Il faudra préparer le Post-traumatique et réaménager beaucoup de choses autour de nous. Retournons à l’ouvrage Le Cerveau du bonheur. Nous y trouverons des explications sur comment utiliser notre esprit pour changer notre cerveau en mieux, c’est-à-dire comment aborder la vie sur le mode réceptif le plus souvent possible, refréner et calmer les états réactifs lorsque ceux-ci surviennent et revenir à notre base réceptive au plus vite. (Voir le document PDF)
08:00 Publié dans Archives, Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Formation/Training, Livre, Public ciblé/Targets, Rick Hanson en français, Science, Web | Tags : cerveau, forces intérieures, expériences positives, méthode, neuroscience évolutionniste, livre, rick hanson | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Puissante analyse.
J'ai lu l'article plus le document.
Pour avoir lu le livre de Rick Hanson, je peux dire que tu as fait un travail extra,c'est pédagogique et clair,on te lit avec facilité et bonheur.
Merci.
Bien à toi.
Écrit par : Marie Claude | 01/04/2020
Merci beaucoup, ma chère Marie-Claude !
Écrit par : Carmen | 02/04/2020
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