17/08/2013
La pensée autonome
Quand Hannah Arendt parle de la banalité du mal, il faudrait entendre le mal rendu possible par l'indifférence, l'obéissance, la soumission, et aussi la participation, d'une manière ou d'une autre, des gens tout à fait ordinaires. Primo Lévi décrit "la zone grise" comme une zone de frottement entre les oppresseurs et les victimes. "Les motivations et les justifications sont beaucoup plus importantes (…) Exprimées dans des formulations différentes, et avec une arrogance plus ou moins grande selon le niveau mental et culturel de celui qui parle, toutes reviennent, pour l’essentiel, à dire les mêmes choses : je l’ai fait parce qu’on m’a commandé de le faire ; d’autres (mes supérieurs) ont commis des actes pires que les miens ; étant donné l’éducation que j’ai reçue et le milieu dans lequel j’ai vécu, je ne pouvais pas faire autre chose ; si je ne l’avais pas fait, un autre l’aurait fait à ma place, et plus durement." (Les naufragés et les rescapés, Quarante ans après Auschwitz, Gallimard, 1989, 2011).
En se référant à un autre totalitarisme, celui-ci engendré par la Révolution, Panaït Istrati écrivait en 1929: "Je ne proteste pas contre la masse. Elle, la misérable, a toujours eu faim et n’a songé au sublime qu’en vertu de son ventre. Elle est à absoudre. Mais comment absoudre ceux qui sortent de son sein, se proclament son élite, s’imposent des salaires limités pour la galerie et accaparent, étouffent, écrasent, volent, violent, tuent dans le silence. N’est-ce pas là, à jamais, la faillite morale d’une Révolution ? Il m’est absolument impossible de faire le bilan de cette immoralité. Elle remplirait des volumes et comprendrait toute la hiérarchie, du sommet à la base, dans l’URSS et dans l’Internationale, certains pour y avoir trempé, d’autres pour avoir vu faire et n’avoir rien dit, tous pour tout savoir et tout cacher, aux yeux du monde qui a, au moins, le droit à l’espoir (…). Ils ont installé, consciemment, l’injustice chez eux. Ils ont corrompu de vastes couches sociales, et plus particulièrement les misérables, pour se faire des majorités et pour gouverner. Leur corruption est des plus inhumaines : si vous voulez manger, même maigrement, il faut être dans la "ligne", il faut encore dénoncer le camarade frère qui s’y refuse. C’est ainsi que la Russie est parvenue à cette ignominie (…) : jeter la moitié de la même classe contre l’autre moitié (…). (Vers l'autre flamme, Confessions pour vaincus, Paris, 1980).
Il semblerait que l'Histoire ne renonce jamais à certains schémas. Les causes se sont peut-être modifiées, mais le phénomène de la pensée totalitaire est en train de revenir sous la forme du fondamentalisme religieux, puisque les idéologies n'existent plus. On le reconnaît facilement dans sa spécificité, qui est celle d'empêcher, voire d'écraser la pensée autonome. Une méta-analyse universitaire récente explique comment l'intelligence et la religiosité sont corrélées négativement : Abstract ou New meta-analysis...
Selon le modèle de la personnalité proposé par Robert Cloninger, aux 4 traits de tempérament et aux 3 traits de caractère qui la résument s'ajoute une autre dimension, qu'il appelle la cohérence. Celle-ci serait la faculté de l'esprit à se contempler lui-même et à examiner le parcours de sa vie. Le pilier de la cohérence de notre personnalité n'est autre chose que la conscience de soi, à savoir la façon dont nous percevons notre Moi comme étant le nôtre, unique et inscrit dans le temps et dans l'espace. C'est la conscience de soi qui nous permet de développer notre bien-être, une vie satisfaisante, notre bonheur. Notre spiritualité aussi implique un progrès de la conscience, la bonté et l'espoir.
21:14 Publié dans Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Formation/Training, Livre, Science, Web | Tags : totalitarismes, pensée autonome, personnalité, conscience de soi | Lien permanent | Commentaires (2)
05/08/2013
Emotions /Coupure par rapport aux émotions
Percevoir la détresse d’autrui fait appel à un mécanisme relativement primitif sur le plan évolutif, il s’agit d’un circuit qui inclut des structures neuronales fondamentales (l’insula, le cortex cingulaire antérieur..), et qui joue un rôle crucial dans le développement de l’empathie et du raisonnement moral. Chez l’homme, ce circuit est modulé de façon non-consciente (amplifié ou inhibé) par les facteurs sociaux. Il n’existe pas de consensus autour de la définition de l’empathie. Elle pourrait signifier aussi bien une simple contagion émotionnelle, qu’une une capacité cognitive à se représenter et à comprendre les émotions d’autrui, ou une capacité cognitive à se représenter les états mentaux d’autrui, ou une capacité d’écoute, ou bien le fait de réagir à la souffrance d’autrui. La tendance actuelle évolue vers une conception mieux intégrée de l’empathie, dans laquelle les aspects cognitifs et affectifs sont articulés plutôt qu’opposés. Dans la coupure par rapport aux émotions, l’émotion d’origine empathique est refoulée, le sujet mettant à distance ou se coupant d’émotions ou d’affects dont il redoute (le plus souvent inconsciemment) la perte de contrôle ou la souffrance qu’ils occasionnent. Celui qui est coupé de ses émotions peut exercer toutes sortes de sévices sur autrui, car les souffrances de celui-ci ne le touchent pas.
18:04 Publié dans Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Cours/Courses, Livre, Science | Tags : empathie, coupure, refoulement | Lien permanent | Commentaires (0)
27/07/2013
Cours FR-2013-431-003
La sesion de juillet a eu lieu avec les trois participants qui ont réussi à obtenir une bourse Mobilité Formation auprès de leur agence nationale (Autriche, Espagne, Roumanie), sur les dizaines/centaines de candidats inscrits. Comme d'habitude, le cours les a beaucoup intéressés, par son approche actuelle et culturelle - très, très loin de celle d'un cours de "coaching" sur l'Intelligence Emotionnelle.
Les participants ont reçu dans leurs chemises cartonnées le support du cours, dont les séquences ont été développées à l'aide d'un riche matériel -copies, impressions, dossiers à thème, fiches, questionnaires, tests, extraits de certains ouvrages. Développer ses compétences émotionnelles dans le monde du travail.Support C.pdf (Photos ajoutées à l'Album Activité Cefro en images).
15/07/2013
L'apprentissage informel
Etude canadienne publiée par ERIC (Educational Resources Information Center): "New Approaches to Lifelong Learning. Informal Learning of Seniors in Canadian Society" (2003). Le public ciblé est un groupe de 51 seniors canadiens, de 58 à 95 ans, 23 femmes, 28 hommes, tous retraités ou semi-retraités, tous engagés dans des projets d'éducation permanente dans des domaines divers: connaissance de soi, santé, relationnel, philosophie, affaires courantes, justice sociale, spiritualité, arts, informatique, bricolage, généalogie, histoire. La plupart (35) ont dit qu'apprendre avait toujours été important pour eux, 20 ont dit que c'était même vital pour leur survie, d'autres (31) que maintenant apprendre leur demandait plus de temps que dans leur jeunesse, d'autres (11) qu'ils passaient moins de temps maintenant à apprendre qu'auparavant. Ils étaient tous différents comme origine: Anglais, Irlandais, Français, Ecossais, Israélite, Allemand, Hindou, Philippin, Hollandais, Italien, Coréen, Japonais. Certains avaient émigré au Canada, d'autres s'y trouvaient depuis plusieurs générations. 39 vivaient dans leur propre maison, 11 dans des maisons de retraite, un seul chez ses proches. Leur éducation formelle s'étalait du collège au lycée, et à l'université. Ils avaient des professions de base très variées: secrétariat, enseignement, commerce, justice, musique, art, informatique, recherche, physiothérapie, santé, travail social, publicité, fonction publique, projets.