16/03/2014
Imagination et réalité
En parlant de l'oeuvre de Paul Diel (1893-1972), psychologue français d'origine autrichienne, philosophe de formation, Einstein disait qu'elle était "un remède à l'instabilité éthique de notre époque". Sa psychologie nous enseigne que la plus grande forme de la condition humaine serait une harmonie de l'esprit qui se situe au-delà de la morale et des morales. Par cela, elle est porteuse d'un authentique pouvoir de redressement et d'accomplissement. Diel a beaucoup écrit sur la motivation, sur l'angoisse, sur la joie, sa méthode étant basée sur l'élucidation de nos émotions par l'auto-observation. C'est une méthode d'investigation introspective. "Pour voir clair dans la psyché -si une telle expression trop spatiale est permise-, il faut pouvoir regarder. Le problème est de savoir si une observation objective du fonctionnement intra- psychique est possible. Si une telle possibilité existe, elle ne peut être réalisée que par l'auto-observation. C'est dans la psyché de chacun que la motivation est vivante, et l'homme ne peut saisir la motivation vivante que dans sa propre psyché. Ce n'est qu'à l'aide de la compréhension de sa propre motivation qu'il devient possible de comprendre la motivation d'autrui". Voici, par exemple, comment il voit la résolution du contraste angoissant entre l'imagination et la réalité, contraste qui nous fait souffrir: c'est par l'attaque lucide que nous nous rendons compte des exigences de la réalité, "au lieu de nous abandonner entièrement aux jeux dangereux de nos désirs, et de nous laisser envahir par l'imagination affective". L'imagination déréglée et exaltée, c'est l'imagination maladive, à laquelle s'oppose l'imagination réglée et ordonnée qu'est l'imagination compréhensive. Dans la mesure où nous ne sommes pas malades ou angoissés, devant un problème nous recherchons ses causes, nous réfléchissons, nous prenons une résolution. Si dans l'imagination maladive, les désirs se contredisent et se contrecarrent, s'exaltent et se paralysent mutuellement, dans l'imagination compréhensive un tel chaos n'existe pas, les désirs réunis qui visent le même objet prennent tous la même direction vers la réalisation, en se renforçant mutuellement, et en réveillant dans la psyché des forces nouvelles et inattendues. Mais cet ordre psychique est créé uniquement par la réflexion; car c'est elle qui transforme les désirs en volonté, à l'inverse de de l'imagination exaltée, qui elle, transforme les désirs en angoisse et en inhibition. "Le travail de la réflexion consiste à éliminer les désirs exaltés, angoissés, insensés, qui contrecarrent l'activité. Le nombre des désirs diminue et il ne reste plus que les désirs réalisables. Cette capacité de réflexion, chaque psyché humaine la possède à un degré plus ou moins grand, elle est le résultat de l'évolution de la psyché animale jusqu'à la psyché humaine; évolution créée par l'obligation de supporter ou de vaincre la souffrance de la vie.[...] La tâche de chaque vie serait donc de continuer ce travail intérieur, afin de poursuivre l'évolution de la fonction compréhensive, de la conscience".
(Extraits: Paul Diel, Psychologie de la motivation, Payot, 2006, Angoisse et Joie, Payot 2011)
10:08 Publié dans Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Formation/Training, Livre, Management/Marketing, Public ciblé/Targets, Science | Tags : paul diel, psychologie, philosophie, imagination, réalité, désirs, conscience, volonté | Lien permanent | Commentaires (0)
08/03/2014
Altruisme numérique
Chaque époque historique a eu son modèle humain, son archétype de héros. Si la nôtre avait son archétype, ce serait peut-être le cyberhéros. Voici une recherche récente qui propose un autre angle de vue sur les technologies numériques. La psychologue américaine Dana Klisanin s'intéresse à ceux qui utilisent Internet et les technologies numériques pour aider les autres (gens, animaux, environnement), et elle montre comment les interactions en ligne peuvent promouvoir la compassion et l'altruisme (digital altruism). Elle a mis en place un jeu vidéo pour les jeunes, dont le but serait d'aider ceux-ci à s'attaquer aux défis de la globalisation, en utilisant leurs ordinateurs. Il est vrai que les études sur le comportement en ligne se focalisent d'habitude sur la cyber-agressivité, la cyber-guerre et les cyber-attaques, mais il existe également des gens qui utilisent Internet pour faire le bien, pour passer à l'action positive, il existe des cyber-héros, de l'héroïsme collaboratif, et des médias et des technologies interactives qui encouragent les gens à vivre de manière consciente. "Lorsque vous avez des milliers de gens engagés ensemble, vous créez le changement, et c'est l'espérance".
C'est un exemple de recherche qui se situe bien dans le courant de la psychologie positive, branche de la psychologie cognitive humaniste (née aux US dans les années '90, Seligman, Peterson), qui met l'accent sur les forces de caractère dans la construction du bien-être. Les voici: sagesse et connaissance (curiosité, créativité, ouverture d'esprit), courage (persévérance, authenticité, enthousiasme), humanité (amour, intelligence émotionnelle, bienveillance), justice (responsabilité sociale, leadership), tempérance (prudence, humilité, pardon), transcendance (beauté, esprit, gratitude, humour, vie spirituelle).
On se souvient qu'à une époque dominée par la pensée freudienne, Maslow était, au contraire, fasciné par les êtres qui avaient mené à bien leur réalisation personnelle, et, d'ailleurs, le reproche qu'il faisait à la psychologie du XIXe était de se polariser sur la maladie, et de négliger l'étude des sujets sains. Il a eu le mérite d'avoir tracé la frontière entre la psychothérapie (qui prend en charge les besoins de base, dans un processus de guérison), et la réalisation de soi, le développement de la personne, dans un processus de mieux-être, de croissance, de maturation.
Ce courant humaniste s'enrichit aujourd'hui des nouvelles approches qui prennent appui sur les découvertes en neurosciences. Entre notre cerveau et notre esprit, il existe un lien sur lequel nous sommes invités à travailler: c'est la "self-directed neuroplasticity", que nous explique Rick Hanson ("We can change our brains and our lives for the better").
"L'éducation n'est pas l'apprentissage des faits, mais l'entraînement de l'esprit à réfléchir", observait Einstein. L'optimisme dont on a tant besoin, et que l'on regarde parfois (en Europe, précisons), d'un air légèrement condescendant, ce serait passer à l'action ("taking action in the Good"), et s'entraîner à un mode de pensée et d'explication particulier, fait d'attention focalisée sur une situation concrète donnée, sans généraliser, tout en privilégiant le réalisme et la lucidité.
10:35 Publié dans Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Formation/Training, Livre, Management/Marketing, Public ciblé/Targets, Science, Web | Tags : optimisme, psychologie humaniste positive, altruisme numérique, éducation | Lien permanent | Commentaires (0)
01/03/2014
Cours structurés (Erasmus+)
Jusqu'au 17 mars, dans un premier temps, les organisations pourront déposer des projets Erasmus+, Mobilités, K1 auprès de leurs agences nationales, et dans un deuxième temps, après que le projet aura été retenu et financé, les participants choisiront le pays et le cours où ils voudront aller. Afin de faciliter ce choix, CEFRO fournit dans un document à consulter ici les informations concernant son cours international structuré pour 2014/2015 sur les compétences émotionnelles et proposé à un plus large public d'enseignants, ainsi que son nouveau cours (en préparation) pour 2015.
22:44 Publié dans Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Formation/Training, Public ciblé/Targets, Science, Web | Tags : cours international structuré, erasmus, mobilités | Lien permanent | Commentaires (1)
12/02/2014
Compétences à enseigner/à apprendre
Update 20. CEFRO propose son cours international structuré 2014-2015 dans COURS CEFRO, ici à droite.
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Toutes les émotions, non seulement les bonnes -sont adaptées si elles sont bien gérées. Le but d'un programme d'apprentissage social émotionnel n'est pas d'éluder une émotion, mais de la canaliser. Peut-on enseigner l'intelligence émotionnelle? En Amérique du Nord, on a mis en application de tels programmes. Cet excellent article publié dans New York Times a reçu 445 commentaires. L'un d'entre eux dit ceci: "J'ai souvent souhaité que les compétences émotionnelles soient enseignées à l'école, afin d'éviter tant de misère à l'enfance et à l'adolescence". Pourquoi ne pas élargir cette expérience en Europe? Avant d'attendre des stratégies gouvernementales, on pourrait mettre en place des projets - et Erasmus+ semble offrir un cadre possible.
18:59 Publié dans Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Formation/Training, Ingénierie/Engineering, Management/Marketing, Public ciblé/Targets, Science, Web | Tags : article nyt, apprentissage social émotionnel, programme erasmus+ | Lien permanent | Commentaires (0)