01/09/2020
Pulsion et comportement
(Photo- Villefranche-sur-mer à 7 h 30)
Nous sommes de la matière organisée, dotée d'une conscience, mais d'abord de la matière: des cellules, des neurones, des processus physiologiques et chimiques. Trois neurologues célèbres - Sacks, Damasio, Freud - nous fournissent des explications sur la source de nos comportements. Dans un livre paru récemment, Oliver Sacks décrit des cas de patients atteints de troubles neurologiques. Parmi ces récits cliniques, j’en ai choisi deux, et je raconte dans cette note celui qui se réfère à la pulsion. Le neurologue auteur reçoit un patient, W., un homme affable et communicatif, qui devient épileptique après un traumatisme crânien subi à l’adolescence. Il a des accès répétitifs de déjà vu, et il est seul à percevoir une sorte de musique. Il se décide à consulter. Le médecin pose le diagnostic d’une épilepsie temporale et lui prescrit plusieurs antiépileptiques, mais les crises ne cessent pas, bien au contraire. W. consulte alors un neurologue spécialiste de l’épilepsie réfractaire à tout traitement, et la solution est radicale : une intervention chirurgicale, à savoir l’exérèse du foyer épileptique de son lobe temporal droit. Au bout de quelques années, une autre opération s’avère nécessaire, suivie de sa médication postopératoire. Et c’est là que des problèmes apparaissent, des changements de comportements particuliers.
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01/03/2019
Les QI, QE, QC, QD dans un monde digital
(Photo- Le beau mimosa du Lycée Masséna, Nice)
Dans les pays de l’OCDE, quatre emplois sur dix sont créés dans les secteurs hautement numérisés. L’éducation et la formation devront aider à l’acquisition d’un ensemble de compétences nécessaires pour réussir dans le monde de travail digital. Certes, le quotient intellectuel (QI) restera important, mais il ne suffira pas : le quotient émotionnel (QE) ou l'Intelligence émotionnelle, le quotient de curiosité (QC), le quotient digital (QD) entreront en ligne de compte.
08:38 Publié dans Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Formation/Training, Ingénierie/Engineering, Management/Marketing, Public ciblé/Targets | Tags : intelligences, travail, monde digital, compétences émotionnelles, curiosité, quotient digital | Lien permanent | Commentaires (1)
01/02/2019
La conscience, sujet de la philosophie et des neurosciences
(Photo- La pleine Lune)
Un véritable fil rouge traverse les siècles et les époques, car l’homme est un être, mais un être de Parole, créateur de civilisation et de culture, et en tant que tel, il s’interroge sur son propre fonctionnement. Pour la présente note, j’ai choisi de revisiter deux moments de cette réflexion dans mon travail de recherche antérieur, et j’ai adapté, dans le document joint en format PDF, quelques articles récents qui résument des perspectives actuelles en neurosciences cognitives.
Une constante de la philosophie médiévale est la synthèse originale qui réconcilie l’étude et la prière, la raison et la foi, l’intelligence et l’amour. Thomas d’Aquin, dans l’élaboration de son savoir théologique et philosophique, fait part très large à la raison, en excluant la thèse de l’illumination divine (chère aux franciscains) dans laquelle la raison humaine se trouverait aliénée. Le Dieu thomiste est acte pur, infini et unique, situé à l’opposé de la matière, puissance pure, tout l’entre-deux étant composé d’acte et de puissance. Il adapte ainsi la pensée d’Aristote quand, en posant que la seule source de notre connaissance est la réalité sensible, il déduit que s’il y a de l’intelligence dans les choses, de l'intelligible en puissance, il est nécessaire, pour que cet intelligible soit en acte, l’intervention d'une faculté active, l'intellect agent. Le Bien, selon Thomas d'Aquin, n’est pas le bien en soi, mais le bien en tant que présenté par la raison de l’homme, c’est-à-dire par le jugement de sa conscience. Le sujet est personne et liberté. Ce que, à tort ou à raison, la conscience juge bon et obligatoire lie par là même une volonté, et si cette volonté s’écarte de ce que la conscience juge comme bien obligatoire, il y a fuite du bien, et donc mal moral. L’homme pèche toujours en agissant contre sa conscience, la suivre contre la loi n’est pas un moindre mal, mais subjectivement un bien.
Le principe de toute la spéculation médiévale est Fides quaerens intellectum, la foi en quête de l’intelligence. La foi doit être studieuse, active, on ne cherche pas à comprendre pour croire, mais on croit pour comprendre, car on ne pourrait comprendre sans croire. L’œuvre de la raison est une approche du salut - plus l’esprit progresse dans l’intelligence de la foi, plus il se rapproche de la vision de l’au-delà. Mais cette foi, point de départ de la recherche, n’est pas une simple adhésion des facultés de connaissance, elle est toute pénétrée d’affectivité, son but n’est pas seulement l’acquisition d’un grand savoir, c’est une contemplation admirative qui s’épanouit en amour.
Au début du XXe siècle, dans un ouvrage devenu classique, Das Heilige, Rudolf Otto donne une analyse fondamentale du sacré (le numen) et décrit l’esprit en le rapprochant de l’expérience numineuse. Au-dessus et au-delà de notre être il y a, caché au fond de notre nature, un élément dernier et suprême qui ne trouve pas satisfaction dans l’assouvissement et l’apaisement des besoins répondant aux tendances et aux exigences de notre vie psychique, physique, spirituelle. C’est le tréfonds de l’âme, là où se cache une expérience -connaissance a priori, qui est l’expérience numineuse. Otto analyse cette catégorie de la conscience humaine en termes d’éléments rationnels et non-rationnels : le mysterium tremendum, l’élément répulsif du numineux, qui se schématise par les idées de justice, de volonté morale, -la sainte colère de Dieu, dont parle l’Ecriture- et le mysterium fascinans, l’élément captivant, qui se schématise par la bonté, la miséricorde, l’amour, la grâce. Le rationnel qui se trouve dans le sacré est ce qui peut être traduit en concepts, ce qui peut être mis en langage. Le non-rationnel est impossible à faire passer de l’obscurité du sentiment dans le domaine de la compréhension conceptuelle, sinon au moyen d’images et d’analogies. L’invisible, le non-temporel (l’éternel), le surnaturel, le transcendant ne sont que de simples idéogrammes qui indiquent le contenu du sentiment en question, mais pour comprendre, il faut avoir éprouvé l’expérience numineuse. Les moyens d’expression du sacré sont divers : l’effrayant, le hideux, le terrible ou, au niveau supérieur, le grandiose, le sublime. Suivant une loi psychologique, dit Otto, les idées et les sentiments se suscitent et s’éveillent dans la mesure de leur ressemblance, ce n’est pas le sentiment qui se transforme, mais c’est le moi qui passe d’un sentiment à l’autre, par le déclin graduel de l’un et le progrès de l’autre.
De nos jours, il n’est toujours pas facile de donner une définition de la conscience. Est-ce qu’elle est le produit du cerveau ? Est-ce qu’elle est le produit du cœur aussi ? S’étend-elle au-delà de notre corps ?
La conscience et la cohérence cœur/cerveau (PDF)
Références : Scientists say your « mind » isn’t confined to your brain, or even your body
What is Consciousness is Just a Product of our Non-Conscious Brain ?
Le récit personnel et la conscience personnelle (le modèle d'Oakley & Halligan)
How do you explain consciousness ? (video avec David Chalmers, sous-titres en français)
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01/10/2018
Cerveau et comportement
(Photo- La vitrine)
L’émotion, la cognition et le comportement forment le triangle d’or des neurosciences sciences cognitives, qui se proposent d’expliquer la personne humaine par la connaissance du cerveau. Mais nous savons que déjà la philosophie, l’art, la littérature ont porté, au fil des siècles, une réflexion constante sur l’homme en tant que corps, âme, esprit, être de parole et de relation.
Spinoza : « L’âme est un certain mode déterminé du penser et ainsi ne peut être une cause libre, autrement dit, ne peut avoir une faculté absolue de vouloir ou de non vouloir ; mais elle doit être déterminée à vouloir ceci ou cela par une cause, laquelle est aussi déterminée par une autre, et cette autre l’est à son tour par une autre, etc. »
E.M. Cioran : « N’importe quel malade pense plus qu’un penseur. La maladie est disjonction, donc réflexion. Elle nous coupe toujours de quelque chose et quelquefois de tout. Même un idiot qui éprouve une sensation violente de douleur dépasse l’idiotie ; il est conscient de sa sensation et se met en dehors d’elle, et peut-être en dehors de lui-même, du moment qu’il sent que c’est lui qui souffre. Semblablement, il doit y avoir, parmi les bêtes, des degrés de conscience, suivant l’intensité de l’affection dont elles pâtissent. »
« Penser, c’est courir après l’insécurité, c’est se frapper pour des riens grandioses, s’enfermer dans des abstractions avec une avidité de martyr, c’est chercher la complication comme d’autres l’effondrement ou le gain. Le penseur est par définition âpre au tourment. »
« Depuis toujours je me suis débattu avec l’unique intention de cesser de me débattre. Résultat : zéro. Heureux ceux qui ignorent que mûrir c’est assister à l’aggravation de ses incohérences et que c’est là le seul progrès dont il devrait être permis de se vanter. »
08:00 Publié dans Archives, Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Littérature, Livre, Public ciblé/Targets, Rick Hanson en français, Science | Tags : comportement, passions, émotions, neurosciences cognitives, potentiel caché, individualisme, psychologie, démocratisation | Lien permanent | Commentaires (2)