01/07/2025
Archives pour les vacances (juillet)
(Photo- Laurier-rose à Nice)
Des chercheurs ont représenté en couleurs la manière dont nos émotions affectent nos corps. L'image a, comme on le sait bien, un impact plus rapide que le mot, puisque plus accessible. Mais déjà Spinoza nous apprend que l'âme humaine ne peut se connaître qu'à travers les affections du corps ("en tant qu'elle perçoit les idées des affections du Corps").
- Emotions et connaissance (http://www.cefro.pro/archive/2014/01/12/temp-c72171b0afc6... )
Le fonctionnement de nos cellules est un mécanisme vital et fascinant. Nos cellules pensent, elles sont nous-mêmes, elles aiment, elles souffrent, elles ont une conscience, elles représentent notre autodéfense.
- Le stress et le cancer (http://www.cefro.pro/archive/2018/10/31/le-stress-et-le-cancer-6101489.html )
Nous savons à présent que nous pouvons agir sur nos émotions, et que nous pouvons activer notre machine cérébrale à fabriquer des antidépresseurs naturels. En changeant notre mode de vie et de pensée, nous changeons aussi les hormones de notre cerveau. Il n’est pas si difficile de faire baisser l’hormone du stress, l’adrénaline, et d’augmenter l’hormone de la bonne humeur, la sérotonine. L’humeur n’est pas seulement une question de psychologie, la bonne humeur agit sur tous les organes et elle ne dépend pas que de l’esprit. Elle protège aussi bien de la dépression que de la démence, des maladies du cœur que des douleurs, des infections et des maladies inflammatoires.
- La bonne humeur (http://www.cefro.pro/archive/2017/02/22/la-bonne-humeur.h...)
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01/06/2025
Attention et respect empathique
(Photo- Les rosiers du square Durandy)
Nous connaissons tous cette citation de Simone Weil : L’attention est la forme la plus rare et la plus pure de la générosité. Nous avons peut-être eu l’occasion de nous sentir ignorés ou pas entendus dans une conversation, pendant que notre interlocuteur gardait les yeux rivés sur son portable ou n’écoutait pas, ou il approuvait sans vraiment répondre à ce que nous disions. C’est frustrant, bien sûr. Nous avons l’impression d’être déconnectés, voire invisibles. Néanmoins, nous avons pu également être dans l'autre rôle dans ce scénario. Le monde trépidant qui nous entoure sollicite constamment notre attention au maximum et il est difficile d’être entièrement présent dans nos relations.
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01/05/2025
Rumination ou introspection?
(Photo- Le Danube à Galati, Roumanie, avril 2025)
Un comportement très fréquent consiste à ruminer des pensées négatives. Etre obsédé par le besoin de comprendre certaines situations, en allant à leur racine et en les revisitant de manière répétitive, peut devenir une source d’anxiété ou de dépression. Il faut distinguer de l’introspection saine, qui est libératrice parce qu’elle mène à un sentiment d’accomplissement et de clarté. Les pensées ruminantes négatives ne font que nous embrouiller toujours davantage. Alors, quelle attitude choisir ? Ou peut-être quelle thérapie ?
Je vous propose de lire quelques notes des Archives sur deux approches thérapeutiques qui se fondent sur le récit, mais qui sont différentes : la psychanalyse et la thérapie narrative.
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01/02/2025
L'Imposture
(Photo- "Illusions perdues" et "Splendeurs et misères des courtisanes", deux piliers de la Comédie humaine de Balzac)
Une simple recherche nous dirige vers cette définition de l’imposture: action de tromper par de fausses apparences et des allégations mensongères, dans sa conduite, dans ses mœurs, notamment en usurpant une qualité, un titre, une identité ou en présentant une œuvre pour ce qu’elle n’est pas. Se faire passer pour ce qu’on n’est pas par une parole, un acte ou une manœuvre qui vise à tromper une personne afin d’en tirer profit. Au sens figuré, illusion: l’imposture des sens. Le terme est souvent utilisé pour désigner des doctrines destinées à séduire les hommes, mais également pour désigner certains ouvrages fabriqués dans une intention de fraude et donnés comme l’œuvre de quelque auteur connu. Du latin classique imponere (le terme veut dire porter une charge, imposer un tribut, et il a pris une connotation de tromperie) et du bas latin impostura. Synonymes : fausseté, duplicité, tromperie, mensonge.
Certains individus font preuve d’un comportement étonnant en recourant à l’imposture parfois tout au long de leur vie, sans qu’une motivation tangible puisse être discernée. Le ressort psychologique de l’imposture se trouve bien évidemment dans la structure du sujet et il est lié à l’identité et au mensonge, les deux impliqués dans le phénomène. Rappelons les définitions qu'en donne le Dictionnaire de psychologie:
« Relative à la conception que chaque société élabore de l’identité humaine, ethnique et culturelle, l’identité personnelle résulte de l’expérience propre à un sujet de se sentir exister et reconnu par autrui en tant qu’être singulier mais identique, dans sa réalité physique, psychique et sociale. L’identité personnelle est une construction dynamique de l’unité de la conscience de soi au travers de relations intersubjectives, des communications langagières et des expériences sociales. C’est un processus actif, affectif et cognitif, de représentation de soi dans son entourage associé à un sentiment subjectif de sa permanence. Ce qui permet de percevoir sa vie comme une expérience qui a une continuité et une unité et d’agir en conséquence. L’identité personnelle prend part dans une lignée. L’identité sociale résulte d’un processus de positionnement dans l’environnement: la participation à des groupes ou à des institutions. Elle peut être octroyée ou revendiquée en fonction des modalités d’affirmation de soi et du désir d’accomplissement. Sa construction et ses caractéristiques sont donc relatives, interactives et fonctionnelles. »
« Le mensonge est l’objet d’une conduite généralement verbale produisant des assertions contraires à ce qui est réputé vrai. Pour les moralistes, le mensonge implique l’intention de tromper. Il s’agit donc d’une conduite extrêmement complexe, qui suppose chez le locuteur un développement du langage suffisant pour entraîner la croyance de l’auditeur, l’élaboration des concepts de vérité et d’erreur, la mise en place de stratégies sociales à long terme. Le mensonge peut cependant être mis en œuvre « en catastrophe » pour résoudre à très court terme une situation conflictuelle insoutenable ». Néanmoins, il faut noter que « la conduite du mensonge implique la reconnaissance du secret, de la subjectivité et de la dissociation entre la conduite représentée et la conduite exprimée ou agie. Le mensonge en ce sens exprime le plus haut niveau de la prise de conscience. »
La psychopathologie de l’imposture a intéressé depuis longtemps les spécialistes du comportement humain, tel qu’il apparaît dans le monde réel ou dans des récits, des témoignages, des histoires. La littérature et la philosophie fournissent de nombreux exemples. Le fonctionnement psychique de l’imposteur qui met en scène une tromperie à usage collectif, qui sait tirer profit du semblant sur lequel se construit son discours même, avait déjà suscité l’attention de Freud et des premiers analystes. L’imposteur est celui qui abuse de l’apparence et impose l’image qui va rendre la victime de l’imposture fatalement solidaire de son acteur. L’imposture trouve toujours preneur, ce qui fait que l’on assiste à une double tromperie. Escroquerie, faux-self, simulation, et surtout discours habile, convaincant. Le comble de la manipulation est atteint dans les escroqueries, car la communication élaborée par quelqu'un peut « construire » pour un autre une situation différente de celle dans laquelle il se trouvait au début de cette situation de communication. Le principe à la base de l’escroquerie est que, pour changer le comportement des autres, il faut construire, pour eux, des situations dans lesquelles ce que l’on veut leur faire faire ou faire croire prend un sens positif.
Lorsque les destinataires séduits se réveillent, ils ne savent pas s’ils ont été piégés par l’imposteur, en tant qu’acteur, ou par son discours. Cela s’explique aussi par le désir social, qui aime un beau trucage, l’énergie des belles paroles. On peut donc parler d’une rhétorique de l’imposture. Et où serait la rhétorique de l’imposture plus présente sinon en religion et en politique ?
En examinant l’imposture sous un angle psychanalytique, l’article de revue L’imposture héroïque. L’art du semblant, paru dans Cliniques méditerranéennes (2010) rappelle que Freud voit chez le héros un genre d’imposture, car c’est le héros qui tue, or il s’agit du meurtre collectif originaire. L’article envoie aussi au Traité des trois imposteurs, c’est-à-dire les fondateurs des trois religions révélées. Il s’agit d’un texte qui a connu un succès extraordinaire tout au long du XVIII e siècle, et qui avait été recopié à la main de nombreuses fois. Selon le mystérieux auteur du texte, toutes les religions sont des fables entretenues par des imposteurs de mèche avec le pouvoir politique pour tyranniser le peuple. Le texte date de la fin du XVIIe siècle et il s’inspire des archives de Spinoza conservées aux Pays-Bas après la mort du philosophe (d’ailleurs, aujourd'hui il est édité sous la catégorie L’Esprit de Spinoza).
Le Traité commence ainsi :
« Quoiqu'il importe à tous les hommes de connaître la vérité, il y en a très peu cependant qui jouissent de cet avantage: les uns sont incapables de la rechercher par eux-mêmes, les autres ne veulent pas s’en donner la peine. Il ne faut donc pas s’étonner si le monde est rempli d’opinions vaines et ridicules; rien n’est plus capable de leur donner cours que l’ignorance; c’est là l’unique force des fausses idées que l’on a de la Divinité, de l’Ame, des Esprits et de presque tous les autres objets qui composent la Religion. (…) Ce qui rend le mal sans remède, c’est qu’après avoir établi les fausses idées qu’on a de Dieu, on n’oublie rien pour engager le peuple à les croire, sans lui permettre de les examiner; au contraire on lui donne de l’aversion pour les Philosophes ou les véritables Savants, de peur que la raison qu’ils enseignent ne lui fasse connaître les erreurs où il est plongé. Les partisans de ces absurdités ont si bien réussi, qu’il est dangereux de les combattre. (…) Si le peuple pouvait comprendre en quel abyme l’ignorance le jette, il secouerait bientôt le joug de ces indignes conducteurs, car il est impossible de laisser agir la raison sans qu’elle découvre la vérité. (…) On n’a besoin que d’un peu de bon sens pour juger que Dieu n’est ni colère ni jaloux; que la justice et la miséricorde sont de faux titres qu’on lui attribue; et que ce que les Prophètes et les Apôtres en ont dit, ne nous apprend ni sa nature ni son essence. »
(Paul Henry Thiry, Baron d’Holbach (1723-1789), Traité des trois imposteurs)
Ce texte, qui était méconnu du grand public, montre qu’il existait bien avant l’Europe des Lumières un puissant courant libertaire (qui allait aboutir à la Révolution française). Il redevient actuel à notre époque, en ce XXIe siècle où les plus hautes performances technologiques coexistent avec le prosélytisme religieux et l’enfermement communautaire, avec les conflits religieux et leurs attentats.
A propos de l’extraordinaire siècle des Lumières, voici un livre qui vient de paraître (Après Dieu) et qui nous fait redécouvrir l’esprit de Voltaire au travers d’un dialogue imaginaire que l’auteur, Richard Malka, défenseur de la liberté d’expression et du journal Charlie Hebdo, porte au Panthéon avec François-Marie Arouet. L’auteur le dédie « A tous ceux qui ont été tués au nom de Dieu. Pour un juron, une prière oubliée, un adultère, une apostasie ou un rire. A mes amis surtout. Ils riaient beaucoup, ne priaient jamais, étaient peu fidèles, totalement apostats et ils riaient avec ferveur. »
Quelques extraits de ce livre qui me semble offrir aussi une bonne description de la religion comme imposture sociale pourront être lus dans ce document PDF.
Ressources
Dictionnaire de psychologie
Dictionnaire Larousse
Cliniques méditerranéennes, 2010/81
La manipulation dans l’escroquerie (dans l’ouvrage Influencer, persuader, motiver, Alex Mucchielli, Editions Armand Colin, 2009)
Richard Malka, Après Dieu, Editions Stock, 2025
Et aussi les Archives CEFRO sur la conscience
http://www.cefro.pro/archive/2022/09/26/l-emprise-psychol...
http://www.cefro.pro/archive/2015/05/31/la-pensee-positiv...
http://www.cefro.pro/archive/2019/11/28/notre-part-d-ombr...
08:29 Publié dans Archives, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Littérature, Livre, Philosophie/Psychologie, Public ciblé/Targets, Science | Tags : imposture, imposteur, livre, psychologie, religion | Lien permanent | Commentaires (2)