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12/01/2014

Emotions et connaissance

émotions,spinoza,désir,tristesse,joie,connaissanceDes chercheurs ont représenté en couleurs la manière dont nos émotions affectent nos corps. L'image a, comme on le sait bien, un impact plus rapide que le mot, puisque plus accessible. Mais déjà Spinoza nous apprend que l'âme humaine ne peut se connaître qu'à travers les affections du corps ("en tant qu'elle perçoit les idées des affections du Corps"). On peut  trouver chez lui une analyse minutieuse des passions comme la honte, le mépris, la crainte, l'espérance, le remords, la gratitude, le regret, l'estime, la faveur, mais ce sont le Désir, la Tristesse et la Joie qui sont les trois "affections" fondamentales. Le Désir est l'essence même de l'homme "en tant qu'elle est conçue comme déterminée à faire quelque chose par une affection quelconque donnée en elle", c'est un effort par lequel l'homme persévère dans son êtreLa vertu est l'essence et la puissance même de l'homme, l'effort même pour conserver l'être propre, et la félicité consiste en ce que l'homme peut conserver son être. "L'effort pour se conserver est la première et unique origine de la vertu". 

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28/12/2013

Toute expérience modifie

livre, expérience, modification cerveau, nouvel anOn sait maintenant que lorsque nous lisons un livre, ou que nous entretenons une conversation, nous faisons une expérience qui produit un changement physique dans notre cerveau. A ce propos, l'écrivain George Johnson observe qu'il est un peu effrayant de penser que chaque fois que nous rencontrons une personne ou que nous lisons un livre, notre cerveau s'en trouve modifié, parfois de façon permanente.

Selon Carl Sagan, un livre est quelque chose de bien étonnant. Un objet plat, composé de trois parties flexibles, sur lequel sont imprimés des milliers de signes, tels des gribouillis. Mais il suffit d'y jeter un regard, et on entre dans l'esprit d'une autre personne, de quelqu'un qui doit être mort depuis des milliers d'années. A travers le millénaire, un auteur parle clairement et silencieusement dans notre tête, il s'adresse directement à nous. Ecrire, c'est peut-être la plus grande invention humaine, qui relie entre eux des gens, citoyens d'époques éloignées. Les livres brisent les chaînes du temps. Un livre, c'est la preuve que les hommes sont capables de magie créatrice. 

Alors, écrivons, lisons (..."pour vivre", comme dit Flaubert).  Bonne Année 2014 à tous!  

http://upchucky.com/VideoVault/60s/GetBack.html 

01/12/2013

Livre

51leNGDqgbL._.jpgCet ouvrage de plus de 500 pages nous offre, chiffres et exemples concrets à l'appui, quelques données sur la santé, vue en tant que construction sociale au croisement de la biologie et de la culture, susceptible d'évoluer avec le temps et en fonction des politiques de société, de l'environnement, du développement et du rôle des Etats. Certaines conclusions sont inquiétantes: le droit des pays pauvres à la santé est une utopie, les médicaments sont un produit de consommation comme les autres, l’argent est chez les gens riches et bien-portants, seuls susceptibles de consommer beaucoup de médicaments sur de longues périodes ; la science a été absorbée par le marketing, les compagnies pharmaceutiques dépensent deux fois autant en marketing qu'en recherche et développement, une opacité totale règne en matière de prix des médicaments, la fixation est arbitraire et cynique ; la vie quotidienne se médicalise et se "pharmacise" ("lifestyle enhancement drug"), les médicaments qualité de vie représentent un marché actuel de 28 milliards de dollars ; les compagnies pharmaceutiques cherchent de nouveaux produits, donc de nouveaux troubles sur la base des opportunités de marché non exploitées (érection, sevrage tabagique, alopécie, vieillissement de la peau, dépression, contraception orale, dysfonctionnement sexuel, surpoids, reflux gastrique, antidouleurs, somnifères, anxiolytiques, tranquillisants représentent le nouvel environnement pharmaceutique haut de gamme) ; la banalité de la corruption bureaucratique dans l’obtention des brevets pour les médicaments fait que l'on fabrique de nouvelles maladies à vendre, à savoir on promeut une marque maladie pour tel médicament, au lieu de promouvoir un médicament pour telle maladie (selon la grande technique de vente qu'est la « condition branding », on lance des affections, « conditions », comme on lançait une nouvelle marque, on crée un marché pour le médicament en promouvant une maladie ad-hoc ; le système DSM est conçu pour sur diagnostiquer des troubles afin de fournir un prétexte aux ventes massives de médicaments, l'alliance psychiatrie-laboratoires mène à des traitements inutiles, et a des effets dangereux (on est passé du paradigme psychanalytique au paradigme biologique) ; des professeurs ont le rôle "d'agents de blanchiment" de l'information que les laboratoires veulent faire passer ; les marketeurs réécrivent Wikipédia pour promouvoir leurs intérêts commerciaux (avec WikiScanner, on a repéré des entrées modifiées à partir des IP appartenant à des laboratoires..). 

Quelques notes et extraits plus loin:

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19/11/2013

Le bonheur (2)


bonheur,bien-être,émotions,suppression émotions négatives,études,quête,stendhal,morrisonLa recherche actuelle sur le sens et la quête du bonheur montre que nous courons peut-être le risque de saper notre réel bien-être. Plus les gens veulent à tout prix être heureux, moins ils le sont, ou plus ils dépriment. Nous avons tendance à supprimer toute émotion négative, mais si nous supprimons une émotion, il faudrait les supprimer toutes. Notre cerveau fait face à la surcharge émotionnelle en opérant la dissociation (au niveau neurologique, nous "refroidissons" nos réponses émotionnelles), ce qui nous permet de gérer les moments difficiles (comme le ferait un guerrier en terrain hostile). Néanmoins, il faut reconnaître que fonctionner en mode de survie a un coût élevé.. Dans une quête du bonheur, nous rejetons les émotions négatives, et parfois, il nous arrive de nous en vouloir parce que nous nous sentons moins heureux que nous devrions. 

Selon la pensée bouddhiste, la cause de la tristesse se trouve dans la discordance entre l'attente et la réalité. Or, si nous rejetons le réel, avec les si nécessaires émotions d'inquiétude et de mécontentement, nous ne faisons qu'augmenter notre tristesse, en nous efforçant en vain de remplacer le réel par l'agréable. C'est un piège fréquent. Normalement, nous devrions nous sentir heureux, nous essayons de l'être, et nous refusons les émotions qui nous semblent contraires, en supprimant ce qui est inconfortable. A cause de ce favoritisme émotionnel, on a du mal à avancer. Les émotions signalent l'opportunité ou la menace, et c'est grâce à elles que nous trouvons des solutions à nos problèmes. A la même manière dont nous utilisons des données mathématiques pour résoudre des problèmes mathématiques, nous utilisons des données émotionnelles pour résoudre des problèmes émotionnels. En maths, nous n'utilisons pas que les nombres pairs. Si nous rejetons et dévaluons la tristesse, par exemple, nous perdons des données qui pourraient nous aider à trouver un bonheur plus profond et plus durable.

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