28/10/2016
CEFRO sur Côte d'Azur Ecobiz
03/10/2016
L'effet Dunning-Kruger
(Photo- Atlanta)
L'effet Dunning-Kruger (d’après le nom des chercheurs qui ont démontré le phénomène au travers d’une série d’expériences) est un biais cognitif selon lequel certaines personnes non qualifiées auraient des difficultés à reconnaître objectivement leur incompétence et à évaluer leurs réelles capacités. L’étude publiée en 1999 dans la revue Journal of Personality and Social Psychology suggère aussi les effets corollaires : les personnes les plus qualifiées auraient tendance à sous-estimer leur niveau de compétence et penseraient à tort que des tâches faciles pour elles le sont aussi pour les autres.
Les résultats de cette étude ne veulent pas dire que les incompétents se croient meilleurs que les compétents, mais que les personnes incompétentes se croient bien meilleures que ce qu’elles sont réellement. Il est donc question d’un biais méta-cognitif, de capacités méta-cognitives (leurs connaissances à propos de leurs connaissances). Il y a une grande discordance entre la façon dont les personnes incompétentes perçoivent leur propre performance et leur performance réelle, tandis que la discordance est bien moins grande pour les individus hautement compétents. La grande question est pourquoi. L’explication avancée par les deux chercheurs est que les personnes incompétentes n’ont pas les compétences requises pour réaliser qu’elles sont incompétentes, justement parce que les capacités qui leur permettraient de distinguer l'individu qui est bon de l'individu qui ne l’est pas leur font défaut. Par exemple, si vous n’êtes pas très bon en langues, il vous pourrait être difficile de dire que vous n’êtes pas très bon, parce que les capacités dont vous auriez besoin pour pouvoir distinguer l'individu qui est bon de l'individu qui ne l’est pas sont précisément celles qui vous font défaut. (Vous pouvez retrouver l’article original qui explique ce qu’est l’effet Dunning-Kruger et ce qu’il n’est pas, et sa version française).
Les leaders des corporations du XXIe siècle ont commencé par être des « apprenants agiles » qui répondent aux critères des 4 R : ils sont pleins de ressources, ils ont un bon relationnel, ils sont résilients, ils obtiennent des résultats (An agile leader is an agile learner).
Les leaders se caractérisent par : des standards éthiques élevés, une personnalité solide, la résistance à la pression et la capacité à faire face à l’adversité, un esprit brillant, une grande force de travail, un esprit charismatique, novateur, courageux dans la prise de décisions, enthousiaste et fiable, ayant un certain sens de l’humour (10 Qualities of Creative Leaders).
Cela nous renvoie au concept de l'intelligence émotionnelle, en tant que set flexible de compétences qui peuvent être acquises et améliorées par la pratique durant toute la vie (L'apprentissage de l'intelligence émotionnelle).
Certains spécialistes en management distinguent quatre niveaux dans la compétence ou l’apprentissage: l’incompétence inconsciente, l’incompétence consciente, la compétence consciente, la compétence inconsciente. Les personnes qui ne sont pas conscientes qu’elles sont incompétentes fonctionnent en mode pilote automatique. Celles qui en sont conscientes vont commencer à développer cette prise de conscience du contenu de leur incompétence, ce qui est déjà le premier pas vers la future compétence (La compétence - avec en fin de note le texte en PDF Une préleveuse).
15/09/2016
Les bons récits
(Photo Nice: Le restaurant Le Milo's)
L’un des pères fondateurs de la psychologie cognitive, qui a ouvert la voie à l’étude moderne de la créativité, Jerome Bruner, s’est éteint le 6 juin dernier, à l’âge de 100 ans. Au début des années ’60, il avait fondé à Harvard, avec George Miller le Center for Cognitive Studies, un groupe où se réunissaient psychologues, anthropologues, linguistes, philosophes, juristes. Le projet était de créer « une nouvelle psychologie culturelle qui ne se limite pas aux seuls aspects logiques et abstraits de la pensée, mais permette d’étudier l’être humain en tant que producteur de rêves, d’idées, de projets, ainsi que porteur et créateur d’une culture. C’était là l’idée de départ de la psychologie cognitive. Il s’agit à terme de comprendre ce qui pouvait se passer dans la tête d’un artiste qui crée, d’un croyant qui prie, d’un enfant qui découvre le monde…Mais par la suite, la psychologie cognitive a dévié de cette direction sous l’influence des recherches en intelligence artificielle. L’ordinateur est devenu le modèle pour penser le psychisme. Le modèle computationniste, qui considère la pensée comme un programme informatique, une suite de calculs et d’instructions logiques, s’est imposé. » Bruner pense que la culture est irréductible à une suite de règles formelles, car la pensée est une construction sociale qui se crée et se recrée sans cesse. Nos actions sont guidées par des valeurs, des projets, des idéaux, des lois, des normes qui, loin d’être « naturelles », sont des constructions culturelles et symboliques. Penser l’humain, c’est penser la production de ces « œuvres » humaines (…) que sont le droit, les mentalités, les religions, les arts, les sciences, les utopies… (…) Et les individus et les groupes interprètent et repensent sans cesse leur culture, ils sont loin d’être passifs à son égard.
Pour Bruner le récit est l’une des formes les plus universelles et les plus puissantes du discours et de la communication humaine.
07:30 Publié dans Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Formation/Training, Ingénierie/Engineering, Littérature, Livre, Management/Marketing, Public ciblé/Targets, Science, Web | Tags : récit, psychologie cognitive, jerome bruner, culture, communication | Lien permanent | Commentaires (0)
15/08/2016
L'(in)adaptation au réel
(Photo: Greenville, Caroline du Sud)
Je vous propose la relecture d'une théorie qui met en rapport les besoins psychologiques essentiels et la responsabilité: la thérapie par le réel (William Glasser), mentionnée aussi dans une note antérieure avec le lien vers une présentation de l'ouvrage en question. Les besoins psychologiques essentiels de l’être humain ne sont pas différents selon les cultures, mais inhérents à la race humaine: aimer et être aimé, et se sentir utile à soi-même et aux autres. Selon le psychiatre américain, la personne qui a besoin d'un traitement psychiatrique souffre d'abord et avant tout d'inadaptation et cela quelle que soit la façon dont elle exprime son problème (psychose, troubles du comportement, dépression, etc.). L'inadaptation signifie que le patient est incapable de satisfaire ses besoins essentiels. Plus l'individu sera incapable de satisfaire ses besoins à un degré élevé, et plus la sévérité des symptômes sera grande. Alors, comment vivent les personnes les plus adaptées, celles qui arrivent à satisfaire leurs besoins dans la société? Pour répondre à cette question le Dr. Glasser suggère qu'à tout moment de notre vie nous devons être lié à au moins une personne qui peut elle-même satisfaire ses besoins de façon adéquate. Sans cette personne clé qui nous aide à supporter le quotidien de la vie et nous donne le courage de continuer notre route, nous commençons à satisfaire nos besoins de façon irréaliste. Ceci peut entraîner l'éclosion de symptômes anxieux et aller jusqu'au refus complet de la réalité. (…) "Les gens n'agissent pas de façon irresponsable parce qu'ils sont malades; ils sont malades parce qu'ils agissent de façon irresponsable".
Dans l'approche analytique, les conflits mentaux inconscients sont plus importants que les problèmes conscients. Il est important de les faire connaître au malade à l'aide de l'interprétation des rêves, du transfert et d'associations libres, mais en même temps il est nécessaire d'éveiller la responsabilité du patient, et ne pas le laisser se livrer en excusant son comportement sur la base de motivations inconscientes. Comme tout le monde, les patients psychiatriques ont sûrement des raisons inconscientes de se conduire comme ils le font. Mais faire de la thérapie ne signifie pas faire la recherche des causes du comportement humain. Même si un client connaît la raison inconsciente de chaque geste qu'il pose, il ne change pas nécessairement son comportement, tout simplement parce que le fait de connaître les causes ne le conduit pas à la satisfaction de ses besoins. En somme, mettre l'accent sur l'inconscient éloigne le patient de son irresponsabilité et lui donne une autre bonne excuse pour éviter de faire face à la réalité. (…)
Glasser croit que pour faire cesser un comportement insatisfaisant, le malade doit pouvoir satisfaire ses besoins de façon réaliste et responsable. Pour y arriver, le patient doit faire face au monde réel qui l'entoure, et ce monde inclut des normes de comportement. Le rôle du thérapeute est de confronter les comportements du patient à ces normes et de lui faire juger la qualité de ce qu'il fait. Si les patients psychiatriques ne jugent pas leur propre comportement, ils ne changeront pas.
"Le Dr. Glasser est aussi renommé pour avoir utilisé ses théories afin d'influencer une plus large part de nos sphères sociales comme l'éducation, le management, le mariage, et récemment pour la promotion de la santé mentale comme enjeux de santé publique, pour en nommer quelques-unes. En dernier lieu, mais non le moindre, il a été notable pour avoir averti le public en général à propos de sa profession et des dangers inhérents à celle-ci." (https://fr.wikipedia.org/wiki/William_Glasser)