02/11/2014
"Avoir la rage au ventre"
Aujourd'hui, nous savons que nos émotions s'expriment bien avant la raison, en empruntant un circuit beaucoup plus rapide. Dans certaines situations, le corps est alerté en premier, grâce à des voies inconscientes et très primitives qui sont activées, et qui le placent dans en état de vigilance et d'urgence. Ces voies sont en liaison directe avec le système limbique (l'hippocampe, l'amygdale) qui constitue notre cerveau émotionnel. Une étude récente montre qu'il existe "une base physiologique" à nos réponses physiques aux émotions, lesquelles ont un caractère universel. Par exemple, la peur, qui est une émotion fondamentale (ainsi que ses dérivés -l'angoisse, l'anxiété..) va être ressentie au niveau du ventre. Le cerveau et le ventre se stimulent mutuellement. Le ventre ne se contenterait pas d'influencer notre vie émotionnelle: il pourrait générer des émotions par lui-même, "certaines émotions pourraient naître directement dans les méandres de nos intestins". La question est de savoir précisément si les émotions naissent dans notre cerveau ou bien dans le ventre, avant que notre cerveau en prenne conscience. A son stade actuel, la science semble disposer de plus amples connaissances concernant le ventre, cet organe intelligent et en perpétuelle adaptation (au XIXe le neurologue allemand Auerbach découvrait que la paroi intestinale était tapissée de cellules nerveuses). Nous constatons tous, par propre expérience, le lien intime qui existe entre nos intestins et notre manière d'agir, de sentir, de penser, d'anticiper. D'ailleurs, les médecines chinoises considèrent le ventre comme l'organe majeur dans la gestion de nos émotions. Il fonctionne indépendamment du système nerveux central, composé du cerveau et de la moelle épinière. Les études scientifiques se sont concentrées sur la communication entre nos deux cerveaux, et bien que cette communication présente encore beaucoup d'inconnues, un fait est certain: agir sur l'un peut influencer l'autre. Certaines disciplines émergent, transversales, pour mieux comprendre le rôle de notre ventre.
"Nous possédons, tapi le long de nos intestins, l'équivalent du cerveau d'un animal de compagnie. Ces neurones "gastriques" génèrent angoisses, humeurs, émotions, et interagissent avec l'encéphale. Ils commandent certains de nos comportements, aidés par l'exceptionnelle faune bactérienne qui peuple notre ventre. Nous possédons plus de bactéries que de cellules humaines. (...)
La digestion représente un travail complexe, très consommateur d'énergie, qui mobiliserait le cerveau de longues heures chaque jour, si elle n'était pas déléguée à notre système nerveux entérique. Ces missions digestives garantes de notre survie nécessitent une très grande puissance nerveuse. Si notre cerveau (celui d'en haut) devait être mobilisé pour la digestion, nous serions incapables de penser, de nous consacrer à d'autres taches pendant plusieurs heures chaque jour. Mais la nature a prévu de sous-traiter cette activité à un second cerveau, dédié aux fonctions digestives et de protection: le système nerveux entérique".
Au centre des problèmes de communication entre nos deux cerveaux se trouve le syndrome de l'intestin irritable (hypersensibilité viscérale, troubles digestifs, douleurs), maladie qui toucherait 10% de la population générale, dont un tiers sont des femmes.
Personnellement, je suis persuadée que le stress émotionnel négatif très fort est à lui seul capable, et ce en l'absence de facteurs habituels tels l'alcool ou le tabac, de provoquer, à la longue, la gastrite érythémateuse (inflammation de la paroi abdominale). Néanmoins, je crois aussi que, lorsque nous ne pouvons pas éliminer la vraie cause du stress négatif prolongé, il faudrait au moins aider le corps, d'une manière ou d'une autre -médicamenteuse ou psychologique (nouveaux comportements).
Ce livre propose "une série d'exercices pratiques et de conseils concrets pour engager le dialogue avec le ventre, mieux le connaître, interagir avec lui et se sentir mieux". D'autres informations utiles dans un documentaire diffusé il y a quelques mois.
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17/07/2014
Possibilités de l'intelligence
08:00 Publié dans Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Formation/Training, Livre, Public ciblé/Targets, Science, Web | Tags : intelligence, intelligence artificielle, émotions, wittgenstein, bergson, langage, réflexion | Lien permanent | Commentaires (0)
12/01/2014
Emotions et connaissance
Des chercheurs ont représenté en couleurs la manière dont nos émotions affectent nos corps. L'image a, comme on le sait bien, un impact plus rapide que le mot, puisque plus accessible. Mais déjà Spinoza nous apprend que l'âme humaine ne peut se connaître qu'à travers les affections du corps ("en tant qu'elle perçoit les idées des affections du Corps"). On peut trouver chez lui une analyse minutieuse des passions comme la honte, le mépris, la crainte, l'espérance, le remords, la gratitude, le regret, l'estime, la faveur, mais ce sont le Désir, la Tristesse et la Joie qui sont les trois "affections" fondamentales. Le Désir est l'essence même de l'homme "en tant qu'elle est conçue comme déterminée à faire quelque chose par une affection quelconque donnée en elle", c'est un effort par lequel l'homme persévère dans son être. La vertu est l'essence et la puissance même de l'homme, l'effort même pour conserver l'être propre, et la félicité consiste en ce que l'homme peut conserver son être. "L'effort pour se conserver est la première et unique origine de la vertu".
19:39 Publié dans Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Formation/Training, Livre, Public ciblé/Targets, Science | Tags : émotions, spinoza, désir, tristesse, joie, connaissance | Lien permanent | Commentaires (0)
19/11/2013
Le bonheur (2)
La recherche actuelle sur le sens et la quête du bonheur montre que nous courons peut-être le risque de saper notre réel bien-être. Plus les gens veulent à tout prix être heureux, moins ils le sont, ou plus ils dépriment. Nous avons tendance à supprimer toute émotion négative, mais si nous supprimons une émotion, il faudrait les supprimer toutes. Notre cerveau fait face à la surcharge émotionnelle en opérant la dissociation (au niveau neurologique, nous "refroidissons" nos réponses émotionnelles), ce qui nous permet de gérer les moments difficiles (comme le ferait un guerrier en terrain hostile). Néanmoins, il faut reconnaître que fonctionner en mode de survie a un coût élevé.. Dans une quête du bonheur, nous rejetons les émotions négatives, et parfois, il nous arrive de nous en vouloir parce que nous nous sentons moins heureux que nous devrions.
Selon la pensée bouddhiste, la cause de la tristesse se trouve dans la discordance entre l'attente et la réalité. Or, si nous rejetons le réel, avec les si nécessaires émotions d'inquiétude et de mécontentement, nous ne faisons qu'augmenter notre tristesse, en nous efforçant en vain de remplacer le réel par l'agréable. C'est un piège fréquent. Normalement, nous devrions nous sentir heureux, nous essayons de l'être, et nous refusons les émotions qui nous semblent contraires, en supprimant ce qui est inconfortable. A cause de ce favoritisme émotionnel, on a du mal à avancer. Les émotions signalent l'opportunité ou la menace, et c'est grâce à elles que nous trouvons des solutions à nos problèmes. A la même manière dont nous utilisons des données mathématiques pour résoudre des problèmes mathématiques, nous utilisons des données émotionnelles pour résoudre des problèmes émotionnels. En maths, nous n'utilisons pas que les nombres pairs. Si nous rejetons et dévaluons la tristesse, par exemple, nous perdons des données qui pourraient nous aider à trouver un bonheur plus profond et plus durable.
15:04 Publié dans Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Conseil/Consultancy, Cours/Courses, Formation/Training, Livre, Public ciblé/Targets, Science, Web | Tags : bonheur, bien-être, émotions, suppression émotions négatives, études, quête, stendhal, morrison | Lien permanent | Commentaires (0)