01/09/2020
Pulsion et comportement
(Photo- Villefranche-sur-mer à 7 h 30)
Nous sommes de la matière organisée, dotée d'une conscience, mais d'abord de la matière: des cellules, des neurones, des processus physiologiques et chimiques. Trois neurologues célèbres - Sacks, Damasio, Freud - nous fournissent des explications sur la source de nos comportements. Dans un livre paru récemment, Oliver Sacks décrit des cas de patients atteints de troubles neurologiques. Parmi ces récits cliniques, j’en ai choisi deux, et je raconte dans cette note celui qui se réfère à la pulsion. Le neurologue auteur reçoit un patient, W., un homme affable et communicatif, qui devient épileptique après un traumatisme crânien subi à l’adolescence. Il a des accès répétitifs de déjà vu, et il est seul à percevoir une sorte de musique. Il se décide à consulter. Le médecin pose le diagnostic d’une épilepsie temporale et lui prescrit plusieurs antiépileptiques, mais les crises ne cessent pas, bien au contraire. W. consulte alors un neurologue spécialiste de l’épilepsie réfractaire à tout traitement, et la solution est radicale : une intervention chirurgicale, à savoir l’exérèse du foyer épileptique de son lobe temporal droit. Au bout de quelques années, une autre opération s’avère nécessaire, suivie de sa médication postopératoire. Et c’est là que des problèmes apparaissent, des changements de comportements particuliers.
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19/01/2017
Le récit, c'est la vie
(Photo-Paul Klee, Fleurs dans la vallée)
Freud s’est intéressé à la catégorie des rêves attribués par les romanciers à leurs personnages imaginaires. Après avoir lu, en 1906, la très longue nouvelle Gradiva, fantaisie pompéienne par Wilhelm Jensen, il a publié l’analyse du récit sous le titre Le délire et les rêves dans la « Gradiva » de W.Jensen, un texte qui a fait couler beaucoup d’encre (d’ailleurs, le texte de la nouvelle et le texte psychanalytique de Freud sont toujours édités ensemble). En mettant en valeur les buts communs de la littérature et de la psychanalyse, il essaie de montrer l’importance des rêves dans la psychanalyse. Il compare la notion de refoulement à l’archéologie qui restitue le passé lors des fouilles.
A propos du héros de la nouvelle de Jensen, Freud écrit: « Une telle séparation de l’imagination d’avec la pensée raisonnante le destinait à devenir poète ou névropathe ; il était de ces êtres dont le royaume n’est pas de ce monde. Mais notre héros, Norbert Hanold, étant une pure création du romancier, nous voudrions adresser à celui-ci timidement cette question : son imagination a-t-elle été soumise à d’autres forces que le propre arbitraire de celle-ci ? » On sait que Freud a essayé de rencontrer le romancier, de le recevoir en analyse, mais Jensen s’est limité à répondre poliment à ses lettres. Entre le romancier et le psychanalyste qui mettait les bases d'une théorie sur le refoulement et les rêves, le malentendu est évident : Freud prêtait à l’auteur des intentions que celui-ci ne se reconnaissait pas, du moins consciemment. En réponse aux sollicitations insistantes du psychanalyste, Jensen tranche, dans une dernière lettre : « Non, je n’ai pas eu de sœur, ni d’une manière générale de parents consanguins. » Sa nouvelle provenait essentiellement d’une « motivation littéraire », et ses œuvres relevaient entièrement d’une « libre invention ». Evidemment, Freud ne veut pas entendre que le processus de création ne s’interprète pas comme un symptôme, et Jensen, qui n’est pas psychanalyste, ne le suivra pas sur ce terrain-là.
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22/01/2016
Psychologie et mythologie
(Photo: Fèves de la Galette des Rois)
J’ai lu dans The Guardian un court article expliquant que, d’après les chercheurs, les contes de fées remonteraient à plusieurs millénaires. Ce n’est pas cette « découverte » qui a retenu mon attention (les lettres, c’est mon domaine d’expertise), mais le fait que l’article ait été partagé plus de 22.000 fois. Je pense que les lecteurs ont été séduits par un aspect qui évoque l’imaginaire ancestral, et qui représente, après tout, une vérité d’ordre psychologique. Jerome Bruner, l’un des fondateurs de la psychologie cognitive (et qui prend ses distances avec elle), montre que le récit est l’une des formes les plus universelles et les plus puissantes du discours et de la communication humaine. Notre esprit fonctionne comme un mécanisme narratif, le récit sous-tend toute notre existence, sa forme narrative est liée à l’entrée dans la culture. « Lorsque j’ai commencé mes recherches en psychologie, le béhaviorisme régnait en maître sur la psychologie. La méthode scientifique dominante consistait à étudier des rats dans les laboratoires pour comprendre des fonctions psychiques isolées : perception, apprentissage et mémoire. Mais ce qui m’intéressait en tant que psychologue, ce n’était pas les rats de laboratoire, mais les êtres humains. Je voulais comprendre comment les humains forgent une culture, créent des idées, des pensées, des univers mentaux. Or l’exploration des états mentaux des êtres humains -leurs rêves, leurs imaginations, leurs cultures -, je la trouvais plus dans la littérature, la poésie, le théâtre que dans la psychologie » (dans Les Nouveaux Psys, Editions des Arènes, 2008). On se souvient bien que Freud et Jung étaient d'excellents connaisseurs des lettres classiques et modernes, de l’art, de la philosophie.
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02/12/2015
(Re)Lectures sur la volonté
( Photo- La plage en octobre)
Dans la pensée de Bernard de Clairvaux (Saint Bernard) la volonté occupe une place importante. Considérée comme l’expression du "socratisme chrétien", cette pensée d’une extrême finesse psychologique fait partie d’un tableau où la connaissance de Dieu et la connaissance de soi sont inextricablement liées. La connaissance qui n’est pas en vue du salut n’est que curiosité. Or, si le nosce te ipsum (connais-toi toi-même) engendre tous les degrés d’humilité, la curiosité engendre tous les degrés d’orgueil. "Il est des clercs qui étudient par pur amour de la science : c’est une curiosité honteuse...D'autres encore étudient et vendent ensuite leur savoir pour de l’argent ou des honneurs : c’est un trafic honteux. Mais il en est aussi qui étudient pour édifier leur prochain : et c’est une œuvre de charité ; d’autres enfin pour s’édifier eux-mêmes : et c’est prudence…". Dieu a créé l’homme pour l’associer à sa béatitude, et toute l’histoire de l’homme commence avec cette libre décision. Mais pour être heureux, il faut jouir : pour jouir, il faut une volonté ; la volonté ne jouit qu’en s’emparant de son objet par un acte de consentement, et consentir, c’est être libre. C’est pourquoi, en créant l’homme en vue de l’associer à sa béatitude, Dieu l’a créé doué d’une volonté libre, et c’est principalement en raison de sa liberté que l’homme est une noble créature, faite à l’image de Dieu, capable de vivre en société avec lui (le sens de la théologie de Bernard de Clairvaux est que l’homme est par son libre arbitre fait à l’image de Dieu, puisque c’est la seule analogie divine qu’il ne puisse perdre sans cesser par là-même d’exister). Ce don de liberté fait par le Créateur à sa créature est un don complexe, car il implique trois libertés :
19:39 Publié dans Blog, Compétences émotionnelles/Emotional Intelligence, Cours/Courses, Formation/Training, Littérature, Livre, Public ciblé/Targets, Science | Tags : conscience, libre-arbitre, volonté, inconscient, contraires, fonction transcendante, saint bernard, freud, c.g.jung | Lien permanent | Commentaires (0)