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18/05/2015

Qui avez-vous oublié d'ajouter à votre liste de cadeaux?

DSC_0714.JPGL'exercice
 
Faites-vous un cadeau
 
Pourquoi?
 
Vous souvenez-vous d'un moment où vous avez offert quelque chose à quelqu'un? Un cadeau pour une occasion, ou une petite surprise à un enfant, ou du temps accordé à un ami- ou toute autre chose. Qu'avez-vous ressenti? Les chercheurs ont découvert que donner stimulait les mêmes réseaux de neurones qui s'activent quand nous éprouvons une sensation physique de plaisir, par exemple en mangeant une pâtisserie, ou en mettant nos mains froides sous l'eau chaude. Il y a longtemps, Bouddha disait que la générosité rendait heureux avant, pendant, et après le don. 
 
Ensuite, il y a recevoir. Pouvez-vous vous souvenir d'un autre moment, celui où l'on vous a offert quelque chose? Cela pourrait être un objet que vous avez tenu dans vos mains, mais aussi un instant de chaleur, ou un mot d'excuse, ou une attitude de retenue. Peu importe ce que c'était, qu'avez-vous ressenti? Une émotion agréable, sans doute. 
 
Eh bien, si vous vous offrez quelque chose, vous aurez un double bénéfice. En plus de ce qui vient d'être dit, il existe les récompenses implicites liées au fait d'agir au lieu de rester passif (ce qui aide à diminuer le sentiment appris d'impuissance, auquel sont très vulnérables les mammifères que nous sommes), et à l'importance que vous avez à vos propres yeux, ce qui est essentiel quand vous pensez ne pas compter sur les autres.
 
Autre chose: en offrant davantage à vous-même, vous avez davantage à donner aux autres lorsque votre coupe sera remplie à ras bord. Les études montrent que les gens qui éprouvent un mieux-être sont d'habitude plus enclins à la bienveillance, à la patience, à l'altruisme, et à d'autres formes de comportement "prosocial". Comme écrivait Bertrand Russell: Une bonne vie est une vie heureuse. Je ne voulais pas dire que si vous êtes bon vous serez heureux. Je veux dire que si vous êtes heureux vous serez bon.
 
Comment? 
 
Vous pouvez vous gratifier de nombreuses manières, le plus souvent au travers des instants de la vie quotidienne. Par exemple, pendant que j'écris ce texte, le cadeau consiste à abandonner le clavier pour me pencher en arrière, à prendre une respiration profonde, et à regarder par la fenêtre, en me relaxant. Je peux me l'offrir. 
 
Un exemple moins concret. Au début de cette semaine, j'étais très préoccupé par l'idée de voir réussir le business d'un ami, et donc le petit cadeau que je m'étais fait a été de laisser partir un peu de mon sur-investissement dans des situations dont je n'avais pas le contrôle. Ce matin, pendant que j'assistais à une réunion et, qu'en même temps, je réfléchissais à cet exercice, je me suis offert le cadeau d'apprécier la chance que j'avais d'apprendre des choses de la part des autres gens présents dans la salle. 
 
Ne rien faire peut être aussi un important cadeau que vous vous offrez: ne pas prendre cette troisième bière, ne pas interrompre un ami contrarié qui vous parle d'une histoire au travail, ne pas embêter un amoureux qui, à cet instant précis, a besoin de plus de place, ne pas rester trop tard à regarder la télévision, ne pas conduire précipitamment...
 
Vous remarquez combien d'occasions vous offre chaque jour pour que vous vous fassiez des cadeaux simples, beaux, réconfortants. Prenez l'habitude de vous poser cette question: Que pourrais-je m'offrir aujourd'hui? Ou bien: De quoi ai-je envie? Serai-je capable de me l'offrir moi-même? Ensuite, essayez réellement de le faire. 
 
En vous concentrant sur l'avenir, demandez-vous: Quel cadeau aimerais-je me faire aujourd'hui? Cette semaine? Cette année? Et même: Cette vie? Essayez d'écouter les réponses, telles des sonneries à répétition qui résonnent dans l'espace ouvert de la conscience. 
 
Vous pouvez aussi imaginer un être profondément protecteur et regarder bien ce qu'il vous donne -ensuite restez ouvert suffisamment pour pouvoir vous faire vous-même ce cadeau.
 
En connaissant la générosité de votre coeur -qui s'adresse d'habitude aux autres-, pouvez-vous élargir ce coeur à votre égard? En dehors de la bienveillance et de la sagesse, de l'encouragement et du soutien, comblez de vos cadeaux cet être unique au monde sur lequel vous avez le plus de pouvoir, et donc envers lequel vous avez le plus haut devoir d'attention: vous-même. 

01/05/2015

La mémoire et le regret

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(Photo Nice: Promenade du Paillon)
 
Des ouvrages actuels traitant de l'optimisation du cerveau expliquent le rôle que joue dans ce processus notre mémoire émotionnelle (appelée  mémoire épisodique, ou mémoire du vécu). Nous sommes ce que nous nous rappelons, et notre identité dépend de tous les événements, les gens, les lieux qui sont inscrits dans notre mémoire, et que nous pouvons évoquer. Toutefois, la mémoire n'est pas un disque sur lequel seraient gravés tous ces souvenirs, mais un "praticien qui fait du plagiat de manière créative". Comme dit le personnage d'un roman lu récemment: la mémoire est un animal coopératif, toujours prêt à faire plaisir; ce qu’elle ne peut pas fournir, elle l’invente à l’occasion, improvisant avec application pour remplir les vides. Améliorer notre mémoire aura pour conséquence une meilleure récupération de l'information stockée dans le cerveau, et cela augmentera notre intelligence, montre le livre de Richard Restack The Naked Brain. Le mécanisme des associations, qui consiste à attribuer un sens ou une image à ce que nous voulons mieux faire retenir à notre mémoire de travail, est connu depuis l'Antiquité. Plus importante que la mémoire de travail, la mémoire émotionnelle est un outil psychologique essentiel, grâce auquel nous pouvons revivre ce que nous avons ressenti à un certain moment dans le passé: la tristesse, la déprime, la colère, la joie. L'auteur observe que lorsque nous perdons la mémoire émotionnelle de notre jeunesse, nous ne comprenons plus les jeunes, et si cet oubli progresse, nous risquons de perdre le contact avec nous-mêmes. Il recommande un exercice simple qui consiste à trouver une photo de nous à la moitié de notre âge actuel, et à échanger des lettres entre notre moi actuel et notre moi plus jeune, par rapport aux espoirs et aux problèmes d'hier, et dans la perspective de notre développement. C'est un exercice qui nous permettra de retrouver des émotions et des souvenirs des choses que nous n'avons plus expérimentées depuis des années, un peu comme dans l'épisode de la madeleine de Proust, dit Restack. Je remarquerais toutefois que dans ce fragment littéraire célèbre, il est question de mémoire involontaire - le souvenir n'est pas recherché délibérément, mais il se déclenche à partir d'une association sensorielle - et nous nous rappelons la description exceptionnelle de l'effort que fournit la mémoire afin de retrouver l'image à laquelle renvoie la sensation de goût. Donc, assez loin d'un exercice intentionnel.
La mémoire est liée à notre perception du temps, et des psychologues et des neuroscientifiques s'accordent sur l'idée que cette expérience du temps est créée exclusivement par notre esprit.

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17/04/2015

The Hard Problem

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Notre époque, appelée souvent celle du postmodernisme ou du post-postmodernisme, est l'époque où la philosophie, après s'être concentrée pendant des siècles sur nos représentations du monde, sur la conscience, ou sur les systèmes culturels, se tourne vers le monde réel. Beaucoup des derniers ouvrages philosophiques partent de l'idée que la réalité n'est pas un produit de la conscience, de nos perceptions ou du langage, mais qu'elle existe de manière indépendante: ce n'est pas nous qui faisons le monde, c'est lui qui nous fait.

Les motivations d'une telle perspective réaliste peuvent être aussi bien de nature écologique (le changement climatique est une situation du monde réel, qui demande une transformation physique du monde réel), que politique (la justice est une vérité à défendre, les conditions matérielles et économiques sont importantes, tout comme le traitement physique du corps humain). Des siècles de controverses et de débats ont entretenu le terrain de la réflexion -maîtres, disciples, écoles, théories. Prenons, par exemple, l'empirisme, qui va donner l'empirisme moderne et le pragmatisme. Par sa définition des modes de connaissances dérivés de l'expérience et de la logique qui s'affranchissaient de la Révélation, il était un précurseur de la science moderne, basée sur la méthode expérimentale. Toute connaissance valide et tout plaisir esthétique se fondent sur des faits mesurables, dont on peut extraire les lois générales en allant du concret à l'abstrait (Newton s'inscrit dans ce contexte intellectuel empiriste dont on retrouve les traces dans d'autres domaines que la philosophie -l'épistémologie, la logique, la psychologie, les sciences cognitives, la linguistique..). Mais l'empirisme était redevable aux nominalistes médiévaux (la querelle des universaux), qui se nourrissaient des catégories d'Aristote (la question si les étants généraux ont une existence réelle, ontologique, ou s'ils ne sont que des instruments nous permettant de parler du réel). Si pour Platon la connaissance est une réminiscence, les idées étant là de toute éternité, pour l'empirisme l'esprit est une table rase sur laquelle s'impriment des impressions sensibles.

Plus tard, William James dira que le monde est fait d'objets séparés (disjonctifs), indifférents et détachés les uns des autres, que notre esprit unifie afin de pouvoir agir sur eux (d'où l'importance de la distinction vrai/faux, laquelle, bien que prise au sens relatif, nous permet d'agir sur la réalité, de la modifier, de nous y adapter).  Nous créons ou nous découvrons des "lignes de faits" entre les objets différents, des lignes qui sont innombrables et qui ne peuvent être réduites à une seule, à un principe. Il n'y a pas de loi une et éternelle, en tout cas, dans l'état de nos connaissances actuelles, ce principe n'est pas encore disponible.

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06/04/2015

Pouvez-vous aimer sans désirer? (Can you like without wanting?)

1420139296817.jpgL'exercice

Aspirer sans s'attacher

Pourquoi? 
 
Vivre c'est poursuivre des buts. En dehors du caractère sain de l'intérêt et de la bonté que vous avez à l'égard de vous-même, il est normal, et aussi une excellente chose, que vous recherchiez aussi la sécurité, le confort, la réussite, le plaisir, l'expression créatrice, la santé physique et mentale, la relation, le respect, l'amour, l'épanouissement, le développement spirituel. 
La question c'est de savoir si vous allez à la poursuite de ces buts de manière tendue et compulsive -en un mot avec attachement - ou bien si, sans effort et en toute sérénité, vous trouvez la récompense dans le voyage, quelle que soit la destination: avec aspiration
 
La différence entre l'attachement et l'aspiration m'est apparue clairement un jour, dans le Colorado, à Boulder, où je m'étais rendu avec mon ancien ami Bob pour une semaine d'escalade. Dave, notre guide, nous a demandé quels objectifs nous nous étions proposés, et j'ai répondu que je voulais réaliser un 5.11 (la raideur de la pente) jusqu'à la fin de la semaine; à ce moment-là, j'arrivais à peine à grimper au 5.8. Bob m'a regardé attentivement et m'a dit que c'était de la folie, et que je ne réussirais qu'à me sentir déçu et frustré (Bob est motivé et il déteste rater ses buts). Non, j'ai dit, cela devait être faisable pour moi aussi: mes propres buts étaient tellement ambitieux, que si j'avais échoué à les atteindre, il n'y aurait eu aucune honte, et si j'avais réussi, alors tout serait devenu drôlement sympathique. Donc, j'ai continué sans m'arrêter, en faisant nettement mieux: 5.8, 5.9, facilement 5.10, péniblement 5.10... et ensuite le dernier jour, j'ai suivi Dave sans aucune chute jusqu'au 5.11. Hourra! 
 
En gros, le moteur de l'attachement est l'envie irrésistible, qui contient et conduit à de nombreuses formes de souffrances (des plus subtiles aux plus intenses). Et même si elle a l'air d'une motivation stimulante -le coup de fouet qui va pousser le cheval au galop- à la longue elle s'avère contre productive, quand le cheval s'effondre. 
D'autre part, l'aspiration -c'est-à-dire travailler dur pour atteindre ses objectifs sans rester suspendu aux résultats - procure de bonnes sensations, et en plus elle vous aide à vous élargir, à croître, sans vous soucier des apparences. Paradoxalement, si vous poursuivez vos objectifs sans vous y coller éperdument, vous augmentez votre chance de les atteindre, tandis qu'en cas contraire -en craignant l'échec- vous faites obstacle au bon résultat souhaité.
 
Si vous restez assis sur votre canapé toute la vie, sans jamais vous soucier ou aller vers quelque chose d'important, vous pouvez éviter les pièges de l'attachement. Mais si vous avez un job, une relation profonde, une famille, une responsabilité, un talent artistique, ou un appel spirituel, votre défi consistera à persévérer dans le chemin, avec dévouement et sérieux, centré sur l'aspiration. 
 
Comment? 
 

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